Le Manchot empereur menacé d’extinction d’ici la fin du siècle

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Crédits : Wikimedia Commons.

Une nouvelle étude s’est penchée sur les menaces qui pèsent sur la vie terrestre et marine en Antarctique. Elle dresse un panorama pour le moins inquiétant puisqu’elle montre que les efforts de conservation actuels sont insuffisants pour protéger les précieux écosystèmes du continent blanc. Les résultats ont été publiés dans la revue Plos Biology ce 22 décembre.

La faune et la flore de l’Antarctique font face à un bouleversement environnemental sans précédent. Parmi les causes de la dégradation rapide des conditions de vie, le changement climatique dû aux activités humaines occupe de loin la première place. Aussi, selon de nouveaux travaux menés par une équipe internationale de chercheurs, jusqu’à 97 % des espèces terrestres et des oiseaux marins pourraient décliner d’ici à 2100 si la trajectoire actuelle venait à se poursuivre.

Une possible extinction du Manchot empereur avant la fin du siècle 

Espèce emblématique du continent blanc, le Manchot empereur serait même voué à l’extinction si le changement climatique devait se poursuivre et si les efforts de conservation restaient inchangés. Les scientifiques notent qu’il s’agit de la seule espèce étudiée qui présente une telle vulnérabilité. Autre espèce très affectée par la dégradation de l’environnement polaire : les nématodes des sols secs, des petits vers très appréciés des oiseaux marins. Dans un scénario du laisser-faire, plus de la moitié de leur population pourrait avoir disparu d’ici la fin du siècle. Enfin, les Manchots Adélie et à jugulaires sont aussi fragilisés, tout comme le Cormoran antarctique.

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(A). Réponse de différentes espèces terrestres et marines au réchauffement climatique d’ici à 2100 (calculée comme la fraction intacte d’une population donnée). Les barres rouges indiquent une baisse de population et les barres bleues, une hausse. Les couleurs foncées correspondent à l’évolution sur la péninsule et les couleurs claires, à celle dans l’intérieur du continent. (B). Régions couvertes dans le cadre de l’étude. Crédits : Jasmine R. Lee & coll. 2022.

Puisque le tableau n’est jamais tout noir ou tout blanc, certaines espèces pourraient malgré tout tirer leur épingle du jeu et bénéficier de ces changements. Il s’agit principalement de mousses, de lichens et de microbes. Le Manchot papou est finalement la seule espèce d’oiseaux marins qui semble favorisée.

Des politiques de protection et de conservation bon marché

À l’inverse, si des mesures politiques et économiques ambitieuses étaient prises dès demain pour lutter contre le réchauffement et favoriser les stratégies de conservation et de protection de la biodiversité, la fraction des espèces à risque de déclin serait limitée à 37 %. Les chercheurs soulignent par ailleurs l’importance de renforcer la lutte contre l’introduction de parasites, microbes ou toute espèce non indigène qui menace le bon fonctionnement de l’écosystème austral.

Dans leur étude, les scientifiques proposent dix stratégies clés pour réduire les menaces qui pèsent sur les écosystèmes de l’Antarctique. Elles auraient par ailleurs l’avantage d’être bon marché. En effet, elles ne pèseraient qu’à hauteur de 23 millions de dollars par an dans le budget des pays qui les financeraient. Le calcul ne prend toutefois pas en compte le coût économique très incertain associé à l’atténuation du changement climatique. Dans tous les cas, ce qui est sûr est que le coût de l’inaction serait bien plus élevé.

« Des efforts mondiaux et régionaux simultanés sont essentiels afin de préserver la biodiversité de l’Antarctique pour les générations futures », rapporte l’étude dans son résumé.