Les vétérinaires préviennent : la mignonnerie des bouledogues français leur coûte cher

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On observe aux États-Unis et en Grande-Bretagne une très forte augmentation de la population de bouledogues français, race brachycéphale. Une tendance inquiétante, selon une récente étude qui pointe du doigt les nombreux problèmes de santé dont souffrent ces chiens beaucoup trop mignons.

Les bouledogues français sont appréciés, voire adorés. Comment ne pas fondre ? Aux États-Unis, ces bouledogues ne figuraient même pas parmi les 30 races les plus populaires de l’American Kennel Club en 2007. L’année dernière, elle était n° 4. En Grande-Bretagne, elle se classait au 76e rang en 2005. Elle est maintenant en deuxième position, sur la bonne voie pour décrocher la première place face au Golden retriever d’ici la fin de l’année. Mais cette mignonnerie a un prix. Et ce prix, ce sont les chiens qui le paient.

Car, comment respirer avec cet étrange museau ? Ils ronflent, supportent mal la chaleur et encore moins le sport. Si ce faciès leur confère un caractère « humain » de plus en plus recherché, depuis quelques années la sélection génétique exagère cette particularité, ce qui entraîne des conséquences cliniques inquiétantes : ronflements, difficultés respiratoires, vomissements, syncopes. La difficulté de ces races (bouledogue anglais, français, pékinois, shih-tzu, ou carlin) à respirer est telle que plusieurs compagnies aériennes refusent leur admission. United Airlines a récemment rejoint ces transporteurs, deux mois après qu’un bouledogue français ait suffoqué – au point de mourir – dans le compartiment supérieur de l’un de ses avions.

« Ces chiens sont sortis de nulle part il y a 10 ans », explique Dan O’Neill, maître de conférences au Royal Veterinary College de Londres et auteur principal d’une nouvelle étude sur la démographie et les troubles de la race. « Ils n’ont pas une bonne santé, mais c’est leur popularité croissante qui en fait un énorme problème ».

Pour avoir une meilleure idée du problème de cette population en pleine effervescence en Grande-Bretagne, O’Neill et d’autres chercheurs ont enregistré des données sur tous les chiens traités dans plus de 300 cliniques en 2013. Ils se sont retrouvés avec 2228 bulldogs français et quelques points de données plutôt révélateurs.

Parmi les chiots nés cette année-là et observés dans ces cliniques, 1,46 % étaient des bouledogues français, contre seulement 0,02 % en 2003 : une croissance « sans précédent » pour une seule race, expliquent les chercheurs. De plus, l’âge médian des bouledogues français en 2013 était de 1,3 an, comparativement à environ 4,5 pour tous les chiens. Cela indique que beaucoup ont été acquis tout récemment.

Malgré leur jeunesse, 72 % souffraient de divers troubles. Les plus courants étaient des problèmes canins communs tels que la diarrhée ou les infections de l’oreille. Mais plusieurs étaient des troubles typiquement reliés à cette race, ou des maladies liées à l’apparence physique. Les auteurs notent une forte propension à la dermatite cutanée, une infection bactérienne qui se développe entre les rides des chiens et les ulcères cornéens. Par ailleurs – et sans surprise – cinq des 25 problèmes les plus répandus étaient des troubles des voies respiratoires supérieures.

« Ce ne serait pas le cas avec les chiens en général », note le chercheur. « Et quand ces chiens atteindront l’âge mûr, ces valeurs vont augmenter de façon spectaculaire ». Cette tendance signifie plus d’animaux malades dans les cliniques vétérinaires, des factures plus coûteuses pour les propriétaires – et plus de chiens dans les refuges -, sans compter une incitation majeure pour les éleveurs peu scrupuleux à produire des chiots sans se soucier de leur santé ou bien être. Le but n’est pas ici de mettre en cause les propriétaires de bouledogues, note le chercheur, mais de les aider. Il y a aussi d’autres chiens qui attendent.

Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans la revue Biomedcentral.

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