Les plus anciens restes d’Homme moderne retrouvĂ©s hors d’Afrique

Crédit : Ian Cartwright

Un os de doigt, retrouvé dans le désert de Nefoud en Arabie Saoudite, suggère que les premiers Hommes modernes avaient déjà gagné l’intérieur de la péninsule il y a 85 000 ans, selon une étude publiée aujourd’hui dans Nature Ecology & Evolution.

Dans le dĂ©sert de Nefoud en Arabie Saoudite, des chercheurs annoncent avoir dĂ©couvert les restes les plus anciens – Ă  ce jour – des premiers humains, en Ă©voluant dehors de l’Afrique et de la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne du Levant. L’Homo sapiens, Ă©galement appelĂ© l’Homme moderne, est apparu en Afrique il y a plus de 300 000 ans. En revanche, les chercheurs estimaient qu’il n’avait quittĂ© l’Afrique que bien plus tard, il y a environ 60 000 ans. Cette nouvelle dĂ©couverte remet donc en cause cette thĂ©orie, suggĂ©rant que « notre espèce s’était dispersĂ©e hors d’Afrique beaucoup plus tĂ´t qu’on ne le pensait auparavant », dĂ©clare Huw Groucutt de l’UniversitĂ© d’Oxford (Royaume-Uni), co-auteur de l’étude.

D’une longueur de seulement 3,2 centimètres, le fossile – probablement l’os mĂ©dian d’un majeur – a Ă©tĂ© dĂ©couvert en 2016 dans une zone riche en outils de pierre. Il se trouvait au milieu de restes fossilisĂ©s d’hippopotames et d’escargots d’eau douce. MĂŞme s’il s’agit aujourd’hui d’une zone dĂ©sertique, le site se trouvait en effet sur la rive d’un lac d’eau douce il y a 90 000 ans. Ă€ cette Ă©poque, la rĂ©gion aurait Ă©tĂ© principalement composĂ©e de prairies semi-arides, rĂ©gulièrement rafraĂ®chies et trempĂ©es par une saison de mousson.

Huw Groucutt et son Ă©quipe ont ici utilisĂ© la datation radiomĂ©trique – la mesure de la variation rĂ©gulière au cours du temps d’élĂ©ments radioactifs – pour dĂ©terminer l’âge de ce petit os. Ce dernier est aujourd’hui considĂ©rĂ© comme le plus vieux fossile d’Homo sapiens « directement daté » Ă  avoir Ă©tĂ© dĂ©couvert hors d’Afrique.

« Il y a eu de multiples dispersions d’êtres humains hors d’Afrique, le mouvement migratoire et la colonisation de l’Eurasie ont été beaucoup plus compliqués que ne le disent nos manuels », note Michael Petraglia, du département d’Évolution humaine à l’Institut Max Planck en Allemagne, également coauteur.

« Retracer l’évolution et la dispersion géographique de la lignée humaine, c’est un peu comme essayer de connecter pitoyablement quelques points sur une vaste grille en trois dimensions de temps et d’espace », explique de son côté Donald O. Henry, anthropologue de l’Université de Tulsa (États-Unis). « Les conclusions de ce nouvel article décrivent la découverte d’un point très important qui fournit un nouveau point de référence concernant la dispersion humaine ».

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