Les humains ont-ils atteint leur limite de durée de vie ? Ces chercheurs prétendent que non

personne Ă¢gĂ©e vieillesse
Crédits : Pixabay / stevepb

Y a-t-il une limite Ă  la durĂ©e de vie des humains ? Selon une Ă©tude controversĂ©e, publiĂ©e le 29 juin dans la revue Science, la rĂ©ponse Ă  cette question est non. Qui plus est, les chercheurs affirment qu’après lâ€™Ă¢ge de 105 ans, le risque de mourir chaque annĂ©e reste le mĂªme.

En 1825, Benjamin Gompertz affirmait que le risque de mourir augmente de façon exponentielle selon lâ€™Ă¢ge : une personne Ă¢gĂ©e de 90 ans est alors beaucoup plus susceptible de mourir qu’une personne de 30 ou 40 ans. Depuis lors, d’autres ont prĂ©tendu que mĂªme si le risque relatif de mourir augmente au fur et Ă  mesure que nous vieillissons, cette menace ralentit finalement après un certain Ă¢ge. Par exemple, la probabilitĂ© de mourir est diffĂ©rente entre un homme de 45 ans et un autre de 35 ans, mais elle est semblable chez des personnes de 100 et de 110 ans.

Mais, « il a été difficile de dire si cette apparence de nivellement est due à de mauvaises données ou à un véritable phénomène de mortalité », explique Kenneth Wachter, professeur émérite de démographie et de statistiques à l’Université de Californie à Berkeley (États-Unis), et auteur principal de la nouvelle étude. « Nous obtenons aujourd’hui de meilleures données que quiconque n’en avait auparavant ».

Pour cette Ă©tude, les chercheurs ont examinĂ© les donnĂ©es de 2009 et 2015 sur les taux de survie de plus de 3 836 Italiens, tous Ă¢gĂ©s de plus de 105 ans. Le registre national italien – qui exige des mises Ă  jour annuelles des citoyens – fournit des informations plus prĂ©cises que les donnĂ©es de n’importe quel autre pays. Ils ont alors recueilli les certificats de dĂ©cès de chaque personne, mais Ă©galement les certificats de naissance de ces super-centenaires, pour Ă©viter les dates approximatives (notamment en raison de la perte de mĂ©moire). Les chercheurs ont alors constatĂ© que le risque de mourir Ă  chaque Ă¢ge augmente de façon exponentielle jusqu’à ce que la personne atteigne 80 ans, puis commence Ă  ralentir pour finalement atteindre un plateau constant après 105 ans. Ă€ ce moment, le risque de mourir Ă  chaque Ă¢ge est le mĂªme, que vous ayez 105 ans, 110 ans ou 115 ans.

Une des limites Ă  l’étude, notent les chercheurs, est que leurs donnĂ©es proviennent principalement de femmes : seulement 463 des 3 836 personnes dans l’étude Ă©taient des hommes. Cependant, on sait que « les femmes vivent beaucoup plus longtemps que les hommes », poursuit le chercheur. Bien que leurs donnĂ©es ne puissent pas le soutenir, les chercheurs pensent que le mĂªme constat pourrait Ăªtre observĂ© chez les hommes.

Cependant, tous les scientifiques ne sont pas d’accord avec ces conclusions, Ă  l’instar de Brandon Milholland, qui en 2016 co-signait un article publiĂ© dans Nature affirmant qu’il existe effectivement une limite Ă  la durĂ©e de vie humaine, et que celle-ci est liĂ©e Ă  des processus naturels. « Je ne considère pas que la preuve d’un palier prĂ©sentĂ© dans cet article soit particulièrement forte », explique-t-il Ă  Live Science. Mais mĂªme « si nous supposons que ce document est correct et que [le risque] de mortalitĂ© est stable après lâ€™Ă¢ge de 105 ans, le fait que les chances de mourir n’augmentent pas ne signifie pas qu’il n’y a pas de limite Ă  la durĂ©e de vie ».