Le temps extrême sur Vénus pourrait changer la durée de ses jours

Crédits : ESA/AOES

Un renflement mystérieusement fluctuant observé dans l’atmosphère de Vénus a maintenant une explication plus concrète. Selon une étude récemment publiée, les énormes chaînes de montagnes de la planète sont à l’origine d’une énorme vague de gravité. Et celle-ci pourrait changer la durée des jours vénusiens.

Vénus est souvent appelée la planète sœur de la Terre en raison des similitudes entre les deux planètes : taille similaire et présence d’une épaisse atmosphère remplie de dioxyde de carbone. En revanche, l’environnement sur Vénus est complètement opposé à celui de notre monde, puisqu’elle est invivable. Il y fait très chaud, la pression est énorme et l’air est irrespirable. Une autre différence est cette structure géante longue de 10 000 kilomètres qui va et vient dans sa haute atmosphère. Cette anomalie atmosphérique a été observée il y a quelques mois par l’Agence japonaise d’exploration aérospatiale, qui dispose d’une sonde en orbite autour de Vénus. Mais de quoi s’agit-il, exactement ?

Vénus est particulière à bien des égards. Elle a une rotation rétrograde, ce qui signifie que comme Uranus, elle tourne dans la direction opposée à la rotation du Soleil – contrairement à la plupart des planètes de notre système solaire. Elle tourne aussi extraordinairement lentement : un jour sur Vénus est l’équivalent d’environ 243 jours terrestres. Elle fait également le tour de notre étoile en 225 jours terrestres. Vous l’aurez donc compris : un jour vénusien est plus long qu’une année vénusienne !

Cependant, son atmosphère tourne 60 fois plus vite que la planète elle-même, faisant un tour complet de cette dernière une fois tous les quatre jours. Cette particularité génère des vents puissants allant jusqu’à 400 kilomètres par heure, mais également des vagues de gravité stationnaires de quatre jours. C’est ce qu’ont observé les astronomes dans la haute atmosphère de Vénus. « Pendant plusieurs jours d’observation, la structure en forme d’arc est restée relativement fixe au-dessus des hautes terres sur la surface en rotation lente, malgré la “super-rotation” atmosphérique de fond », ont écrit des chercheurs japonais, décrivant la vague pour la première fois en 2017. « Nous suggérons que la structure en forme d’arc est le résultat d’une onde de gravité atmosphérique générée dans la basse atmosphère par la topographie montagneuse qui s’est ensuite propagée vers le haut ».

Nous savions déjà que la vague apparaissait juste au-dessus de la chaîne montagneuse Aphrodite Terra, haute de 4 500 mètres et située près de l’équateur de la planète. La vague serait donc produite lorsque les vents rapides de la planète se heurtent à ces montagnes. Le scientifique américain Thomas Navarro et ses collègues de l’Université de Californie à Los Angeles ont récemment effectué des simulations informatiques de la planète et de son atmosphère, pour tenter de confirmer ou non cette hypothèse. Et les résultats de leur simulation étaient « en accord remarquable » avec les observations faites par les chercheurs japonais.

En outre, l’équipe a constaté que ces ondes pourraient avoir un effet sur la rotation de la planète en provoquant des fluctuations de la pression atmosphérique qui ralentiraient finalement la rotation. Cet effet serait minime – seulement quelques minutes par jour vénusien – mais cela pourrait aider à expliquer les écarts antérieurs dans les mesures du taux de rotation de Vénus. En effet, une étude de 2012 de l’ESA avait trouvé une différence de 6,5 minutes par rapport à une mesure précédente. Ainsi, l’interaction entre les montagnes de la planète et son atmosphère pourrait créer des vagues assez fortes pour modifier la durée d’une journée vénusienne.

Notez que les scientifiques n’ont pas ici réellement mesuré un changement de durée de la journée – ils ont juste suivi un modèle qui a suggéré que cela pouvait être possible. Une observation directe sera nécessaire pour vraiment savoir ce qui se passe sur Vénus. Il faudra néanmoins attendre très longtemps avant que tout être humain puisse expérimenter directement la nature sauvage de la planète, présentée comme la plus chaude et la plus nocive du système solaire.

Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans la revue Nature Geoscience.

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