Le pôle Sud se réchauffe trois fois plus vite que le reste du monde

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Crédits : Mario Tama

Le pôle Sud s’est réchauffé trois fois plus rapidement que le reste du monde au cours des 30 dernières années, révèle une étude. Une tendance qui s’expliquerait par une hausse des températures essuyée dans les océans tropicaux.

On a longtemps pensé que le pôle Sud avait maintenu ses températures tandis que le reste du monde se réchauffait. S’appuyant sur 60 années de données relevées par 20 stations météorologiques et sur des modélisations informatiques, des chercheurs constatent aujourd’hui que même cette région n’est finalement pas immunisée contre les influences du changement climatique.

L’étude, publiée lundi dans Nature Climate Change, nous révèle en effet que de 1989 à 2018, la région s’est réchauffée trois fois plus vite que le reste du monde, essuyant une augmentation moyenne des températures de 0,61 °C par décennie. Autrement dit, il fait aujourd’hui plus de 1,8 °C plus chaud au Pôle Sud qu’il y a 30 ans.

Tendance naturelle ou origine anthropique ?

Pour tenter d’évaluer dans quelle mesure ce réchauffement peut être lié à l’influence humaine et/ou à la variabilité naturelle, les chercheurs ont relevé des données atmosphériques et des mesures du vent.

Des modélisations informatiques, alimentées par ces données, ont alors révélé que cette augmentation des températures pouvait être attribuée à la baisse de la pression atmosphérique dans la mer de Weddell, le long de la côte nord du continent. Des conditions climatiques qui, en amont, seraient dues à l’augmentation des températures dans le Pacifique tropical occidental.

Concrètement, la mer de Weddell apporterait finalement davantage d’air chaud de l’Atlantique Sud vers le Pôle Sud, ce qui expliquerait la tendance au réchauffement de cette région du globe.

Bien que les auteurs aient constaté que ce niveau de réchauffement puisse être expliqué par une variabilité naturelle du climat, ils soulignent en revanche que les émissions de gaz à effet de serre libérées par l’Homme jouent également un rôle important. Probablement à hauteur de 50%, estime Kyle Clem, de l’Université Victoria de Wellington (Nouvelle-Zélande) et principal auteur de l’étude.

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Crédits : MemoryCatcher/Pixabay

Quelques limites

Parallèlement à cette incertitude quant aux véritables moteurs de cette augmentation des températures, l’étude est également limitée par le manque de données. C’est pourquoi les chercheurs se sont appuyés sur des simulations de modèles climatiques.

Néanmoins, il reste compliqué de simuler avec précision le comportement de la glace de mer de l’Antarctique. Or, celle-ci affecte directement le niveau de réchauffement de la région. En effet, plus il y a de glace, plus les rayons solaires sont renvoyés dans l’espace. Et à l’inverse, moins il y a de glace, plus cette énergie est absorbée.

Toutefois, malgré ces quelques limites, l’étude reste assez solide, nous prouvant une fois de plus que même les régions les plus isolées de la planète ne sont pas à l’abri de nos actions.