La plupart des microplastiques de l’Arctique proviennent de nos vĂȘtements

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Crédits : mariohagen/pixabay

De rĂ©centes analyses rĂ©alisĂ©es dans l’ocĂ©an Arctique rĂ©vĂšlent que la grande majoritĂ© des particules plastiques retrouvĂ©es dans ces eaux sont des fibres textiles Ă©liminĂ©es de nos vĂȘtements au cours des lavages en machine. Les dĂ©tails de ces travaux sont publiĂ©s dans Nature Communications.

Des fragments microscopiques de plastique ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s dans les endroits les plus reculĂ©s de la planĂšte. Certains sont transportĂ©s par les eaux, tapissant dĂ©sormais les profondeurs des ocĂ©ans. Des microplastiques ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©couverts en montagne, notamment dans les PyrĂ©nĂ©es et l’Himalaya, sans oublier les rĂ©gions polaires.

Bien que l’on sache dĂ©jĂ  que les microplastiques sont dĂ©sormais omniprĂ©sents dans la nature, les mĂ©canismes sous-tendant leur distribution restent flous. Dans le cadre d’une Ă©tude rĂ©cente, une Ă©quipe de l’Ocean Wise Conservation Association (Canada), dirigĂ©e par Peter Ross, s’est concentrĂ©e sur la rĂ©gion Arctique.

Pour ces travaux, les chercheurs ont Ă©chantillonnĂ© de l’eau de mer sur 71 sites dans l’Arctique europĂ©en et nord-amĂ©ricain. Ils en ont collectĂ© en surface, Ă  des profondeurs de trois Ă  huit mĂštres, mais aussi beaucoup plus profondĂ©ment, notamment dans la mer de Beaufort au nord de l’Alaska et du Canada, Ă  prĂšs de 1015 mĂštres sous la surface.

Des analyses ont ensuite Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es par spectroscopie infrarouge Ă  transformĂ©e de Fourier (IRTF). Le principe de cette technique repose sur l’absorption de la lumiĂšre par les molĂ©cules dans la rĂ©gion de l’infrarouge du spectre Ă©lectromagnĂ©tique. Cette absorption est convertie en vibrations molĂ©culaires qui correspondent spĂ©cifiquement aux liaisons prĂ©sentes dans la molĂ©cule. Le rĂ©sultat est un spectre qui donne une « empreinte chimique » distinctive qui peut ĂȘtre utilisĂ©e pour visualiser et identifier des Ă©chantillons organiques et inorganiques.

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Emplacement de la mer de Beaufort dans l’ocĂ©an Arctique. CrĂ©dits : Marine Boulanger

Une majorité de fibres textiles

Ces travaux ont permis d’estimer un dĂ©compte moyen d’environ quarante particules microplastiques par mĂštre cube d’eau de mer collectĂ©e. La grande majoritĂ© Ă©tait des fibres (92,3%), dont prĂšs des trois quarts (73,3%) Ă©taient du polyester. Les coupables sont les fibres textiles Ă©liminĂ©es de nos vĂȘtements au cours des lavages en machine, retrouvĂ©es dans les eaux usĂ©es domestiques avant d’ĂȘtre lavĂ©es dans l’ocĂ©an.

Selon les estimations des chercheurs, un seul vĂȘtement peut libĂ©rer des millions de fibres lors d’un lavage domestique typique et les usines de traitement des eaux usĂ©es peuvent rejeter plus de vingt milliards de microfibres par an.

En outre, l’abondance des particules Ă©tait corrĂ©lĂ©e Ă  la longitude, avec prĂšs de trois fois plus de particules plastiques dans l’est de l’Arctique que dans l’ouest. En rĂ©sumĂ©, les chercheurs pensent que les fibres de polyester sont livrĂ©es Ă  l’est de l’ocĂ©an Arctique depuis l’ocĂ©an atlantique (ou via le transport atmosphĂ©rique depuis le sud).

Les donnĂ©es infrarouges suggĂšrent Ă©galement une altĂ©ration potentielle des fibres alors qu’elles se dĂ©placent vers l’ouest. Autrement dit, elles se dĂ©gradent et se dĂ©composent en plus petits morceaux au cours de leur transfert.