James Webb Telescope Saturne
Crédits : ESA, NASA, ASC

Le James Webb Telescope vient de photographier Saturne

Il y a quelques jours, le James Webb Telescope a consacré plus de deux heures et demie de son précieux temps à observer Saturne, produisant quelques images au passage. Mais pourquoi ces clichés sont-ils si différents de ceux de Hubble ?

La belle aux anneaux

Des huit planètes de notre système, Saturne est considérée par beaucoup comme l’une des plus belles en raison de ses magnifiques anneaux, comme en témoigne ce cliché récent signé Hubble capturé avec sa caméra large champ 3 (WFC3). Cette photographie s’inscrivait dans un programme baptisé Outer Planet Atmospheres Legacy (OPAL) qui visait à compiler des images des planètes géantes gazeuses de notre système dans le but d’étudier leurs dynamiques atmosphériques au fil du temps.

Si les photos de Saturne prises par Hubble sont aussi belles, c’est parce qu’elles sont capturées dans le spectre visible de la lumière, qui correspond aux longueurs d’onde qui sont perçues par l’oeil humain (plage de 400 à 700 nanomètres). Le James Webb Telescope fonctionne quant à lui dans l’infrarouge, une partie du spectre électromagnétique située au-delà de la lumière visible. L’infrarouge présente plusieurs avantages pour l’observation astronomique, dont celui de pouvoir pénétrer des nuages de gaz et de poussière qui peuvent bloquer la lumière visible, permettant ainsi d’observer des objets et des phénomènes qui seraient autrement invisibles.

Une Saturne particulièrement sombre

Les images de Saturne du James Webb Telescope nous paraissent très différentes, comme en témoigne l’image du haut, prise par l’instrument NIRCam (proche infrarouge) en seulement quatre minutes.

En effet, il ne vous aura pas échappé que la planète disparaît quasiment dans l’obscurité. C’est à cause du filtre F323N de l’instrument, qui exclut la lumière supérieure à 3,3 microns et inférieure à 3,2 microns. Or, même s’il constitue moins d’un pour cent de l’atmosphère de Saturne, le méthane absorbe le rayonnement dans la bande étroite entre les deux.  À l’inverse, les anneaux reflètent ce rayonnement avec éclat. C’est pourquoi ils dominent dans l’image.

L’image ci-dessous a été prise en même temps avec cette fois le filtre F212N. À ces longueurs d’onde plus courtes, Saturne nous paraît un peu plus brillante. Plusieurs de ses bandes nuageuses sont d’ailleurs visibles.

James Webb Telescope Saturne
Crédits : ESA, NASA, ASC

Certains passionnés d’astrophotographie ont également déjà appliqué leur propre traitement de ces images.

Ces images (et d’autres) ont été prises en deux périodes d’une heure et dix-neuf minutes chacune. La majeure partie du temps intermédiaire a été consacrée à l’observation du système TRAPPIST-1, qui abrite sept planètes rocheuses dont le potentiel d’habitabilité interroge toujours les chercheurs.

Rappelons enfin qu’il y a quelques mois, l’observatoire nous avait également révélé la vue la plus claire des anneaux de Neptune depuis des décennies, avant d’enchaîner avec Jupiter et Uranus.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.