Une équipe de paléontologues annonce la découverte, en Afrique, de ce qui pourrait être les plus anciennes traces fossilisées connues d’organismes en mouvement. Si la découverte se confirme, le précédent record pourrait être battu de plus d’un milliard et demi d’années.
Quel fut le tout premier organisme vivant à se mouvoir ? Non pas à se laisser porter par les courants, mais à commander ses propres mouvements dans le but d’atteindre un objectif ? De nouvelles traces découvertes nous mettent sur la piste, mais restent encore mystérieuses. Découverts dans des roches gabonaises datant d’environ 2,1 milliards d’années, de petits fossiles suggèrent l’existence d’un groupe de cellules qui se sont réunies pour former un organisme multicellulaire capable de se mouvoir. Impossible de savoir exactement à quoi ressemblait cet organisme, mais les chercheurs soupçonnent l’apparence d’une limace.
Se mouvoir pour se nourrir ?
Capable de mouvements donc, mais dans quel but ? «Il est plausible que les organismes à l’origine de ce phénomène se soient déplacés à la recherche d’éléments nutritifs et d’oxygène produits par les tapis de bactéries se trouvant à l’interface des fonds marins», suppose Ernest Chi Fru, de l’Université de Cardiff au Royaume-Uni et co-auteur de cette étude publié dans PNAS. La découverte de biofilms microbiens fossilisés (des amas de cellules bactériennes) trouvés autour des traces semble en effet nous amener vers cette hypothèse. On note par ailleurs que les processus géologiques naturels pouvant expliquer ces traces ont tous été écartés.
Une « expérience ratée » ?
Quant à placer ces anciens organismes dans la branche de l’évolution, c’est encore une autre histoire. Impossible en effet, à ce stade des analyses, de pouvoir identifier une quelconque affiliation avec un groupe d’organismes modernes. «Les résultats soulèvent un certain nombre de questions fascinantes sur l’histoire de la vie sur Terre et sur le moment où les organismes ont commencé à bouger, note le chercheur. S’agissait-il d’une innovation biologique primitive, d’un prélude à des formes de locomotion plus perfectionnées qui nous entourent aujourd’hui, ou s’agissait-il simplement d’une expérience écourtée ?».
C’est bien là la question. En effet, ce genre de traces fossiles se retrouve en abondance dans les archives, mais les plus anciennes semblent plus jeunes d’environ 1,5 milliards d’années (les traces les plus anciennes remontaient à environ 600 millions d’années). Le fait qu’il y ait ce « trou » apparent d’un milliard et demi d’années dans les dossiers géologiques suggère que ce nouvel organisme ait peut-être été une « expérience ratée » de l’évolution.
L’explication la plus plausible, en revanche, semble être le manque d’oxygène. «Le déclin progressif et global de l’oxygène dans les océans vers 2 milliards d’années, et ce jusqu’à la fin de la deuxième grande glaciation qui précède l’Édiacarien, a sûrement dû leur être fatal», explique en effet le géologue Abderrazak El Albani, de l’Université de Poitiers et principal auteur de l’étude. Un « pic » d’oxygène observé à cette époque aurait donc permis à ces organismes d’évoluer, avant de finalement suffoquer. Les océans, eux, ont connu une ré-oxygénation il y a environ 650 millions d’années avec l’avènement des algues, transformant radicalement la vie sur notre planète.
Source
Articles liés :