Une récente image signée de la sonde Cassini témoigne de précipitations sur Titan, la plus grande lune de Saturne. Ces pluies sont la première indication que l’été est bel est bien arrivé dans l’hémisphère nord.
Il a mis du temps, mais il est enfin arrivé. L’été sur Titan, la lune de Saturne, aurait déjà dû s’installer au nord depuis plusieurs mois. Nous savons – grâce au degré d’inclinaison de la lune – que les saisons sur Titan durent un peu plus sept ans. Compte tenu de ces connaissances, les astronomes en charge de la mission Cassini s’attendaient à voir l’été s’installer du côté de l’hémisphère nord en 2017. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Rien depuis quelques mois ne semblait en effet témoigner de ce changement de saison prévu, décontenançant un peu les chercheurs. Mais nous y sommes. Des preuves de précipitations viennent d’être décelées sur Titan, témoignant de l’arrivée de la saison estivale.
Il vient de pleuvoir au nord
« Tout le monde attendait avec impatience les nuages et les pluies sur le pôle nord de Titan, indiquant le début de l’été nordique, mais malgré les prévisions du modèle climatique, nous ne voyions même pas de nuages », explique en effet Rajani Dhingra, l’une des responsables de la mission. Le problème, c’est justement que les chercheurs s’appuyaient sur la présence de nuages pour évaluer ou non si des pluies pouvaient tomber sur Titan. Or, les nuages ne sont pas le seul indicateur.
L’équipe de Cassini a en effet récemment découvert une anomalie sur l’une des images prises par Cassini le 7 juin 2016. Une grande partie de la surface était soudainement devenue réfléchissante. Ce n’était pourtant pas le cas sur des clichés précédents ou ultérieurs. C’est un peu comme si le trottoir était sec en rentrant chez vous, puis très humide et réfléchissant en ressortant – preuve qu’il vient de pleuvoir. Pour les astronomes, ce sont ces taches réfléchissantes qui prouvent aujourd’hui que des précipitations ont effectivement eu lieu au nord.
Des gouttelettes d’hydrocarbures
Il a donc bien plu sur Titan, mais rappelons que ce n’est pas de l’eau qui tombe du ciel. Sur cette lune, les mers, lacs et rivières sont composés de méthane et d’éthane liquide (il fait -180 degrés C, et à ces températures ultra-froides ces deux gaz deviennent liquides). Nous savons également – après analyses des motifs de réflexion sur les images renvoyées par Cassini – que la pluie est tombée sur un terrain caillouteux et accidenté plutôt que sur une surface lisse.
Ainsi, les prévisions météo se sont trompées de quelques mois sur Titan. Mais au final, l’été est bel est bien arrivé. Pour les chercheurs, l’étape suivante consistera à évaluer les raisons de ce décalage. « Nous voulons que les prévisions de notre modèle correspondent à nos observations, poursuit en effet la scientifique. Cette détection des précipitations prouve que le climat de Cassini suit les modèles climatiques théoriques que nous connaissons. L’été se passe. Il a été retardé, mais il se produit. Nous devrons maintenant déterminer la cause de ce retard ».
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