Des groupes autochtones d’Alaska directement liés génétiquement aux premiers peuples d’Amérique du Nord

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Une nouvelle méthode d’analyse ADN réalisée sur des peuples autochtones vivant en Alaska et en Colombie-Britannique, au Canada, révèle un lien génétique direct avec les premiers hommes qui ont peuplé le nord-ouest de l’Amérique du Nord il y a 10 000 ans.

Ces résultats sont basés sur les restes d’un individu de l’Alaska baptisé Shuka Káa qui a vécu il y a environ 10 300 ans et qui contribue à révéler l’histoire complexe des premiers peuples américains. « Notre analyse suggère que c’est la même population qui a vécu dans cette partie du monde à travers le temps, puisque nous avons de la continuité génétique d’il y a 10 000 ans à aujourd’hui », explique Ripan Malhi, anthropologue à l’Université de l’Illinois (États-Unis) et auteur de l’étude publiée dans la revue PNAS.

Cette étude vient combler de nombreux manques mis en lumière dans les études précédentes qui ont analysé l’ADN mitochondrial de la plupart des peuples anciens de l’Amérique du Nord. Ici, c’est le génome nucléaire qui a été analysé. S’il survit deux fois plus longtemps sur les anciens spécimens, l’ADN mitochondrial possède une limite non négligeable : il ne se transmet que de la mère à la progéniture. Ainsi, l’information de la lignée mâle est ignorée dans les études qui impliquent cet ADN.

« Avec l’ADN mitochondrial, on manque d’informations sur tous nos ancêtres. Ici, nous avons voulu analyser le génome nucléaire afin que nous puissions obtenir une meilleure évaluation de l’histoire de la population de cette région », déclare John Lindo, de l’Université de Chicago et coauteur de l’étude.

Avec l’autorisation des populations actuelles d’Alaska que sont Haida et Tlingit, ainsi que d’un certain nombre de tribus de Colombie-Britannique (Canada), l’équipe a extrait l’ADN nucléaire de Shuka Káa, dont les restes ont été découverts en Alaska en 1996. Ils ont fait de même avec les restes de trois autres anciens humains de Colombie-Britannique, l’un baptisé 939, mort il y a 6 075 ans, un autre baptisé 302, mort il y a 2 500 ans et un dernier appelé 443, mort il y a 1 750 ans.

Après avoir extrait toutes les informations génétiques de ces quatre anciens humains, les chercheurs les ont comparés à celles de 156 groupes autochtones et ont découvert un lien génétique direct entre eux. L’ancien humain baptisé 939 en particulier montre une continuité génétique forte avec les groupes autochtones actuels de la région ainsi qu’avec Shuka Káa, vieux de 10 300 ans.

« On observe une tendance à la continuité génétique au fil du temps illustrée par la “personne 939”, qui affiche des similitudes génétiques à la fois avec les peuples actuels du nord-ouest d’Amérique du Nord et avec les plus anciens peuples, représentés par Shuka Káa », concluent les chercheurs.

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