Quand les femelles libellules feintent la mort pour éviter les avances des mâles

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Les libellules ont développé une tactique extrême pour se débarrasser des prétendants indésirables : elles feintent une mort soudaine en tombant au sol. Une fois le mâle écarté, la femelle reprend son envol.

Feinter la mort pour éviter les avances d’une autre personne est impensable chez l’humain. Quoi que. Rassim Khalifa, biologiste à l’Université de Zurich, en Suisse, fut en revanche récemment le témoin de ce comportement original chez Aeshna juncea, une grande libellule généralement montagnarde qu’il est possible d’observer jusqu’à près de 2 500 m d’altitude en France. Lors de la collecte de leurs larves dans les Alpes suisses, le biologiste fut en effet surpris de voir une femelle tomber soudainement au sol alors qu’elle était poursuivie par un prétendant. Immobile, allongée sur le dos et feintant la mort, la femelle s’est ensuite rapidement envolée une fois le mâle écarté. C’est un comportement « surprenant » que le biologiste n’avait jamais observé en dix années d’études.

Cette espèce de libellules est en effet très vulnérable au « harcèlement » durant la période de reproduction, car contrairement à d’autres libellules, une seule rencontre sexuelle avec un mâle suffit à fertiliser tous les œufs des femelles et copuler à nouveau pourrait endommager leur appareil reproducteur. Le biologiste a par ailleurs remarqué qu’une fois fertilisées, les femelles se retiraient souvent au cœur d’une végétation dense, près des étangs notamment, probablement pour se cacher. C’est également l’endroit privilégié par les femelles pour simuler leur mort. Sur les 31 observées par le biologiste, 27 se sont « écrasées » subitement au sol pour éviter d’être aguichées. Et sur les 21 tentatives, toutes ont réussi.

Si le fait de feinter la mort a souvent été observé dans le règne animal pour dissuader un prédateur, notamment chez les libellules, ce comportement est en revanche beaucoup plus rare quand il s’agit de vouloir tromper un prétendant. Il est alors probable que les femelles aient ici élargi ce mécanisme de survie pour surmonter la contrainte masculine.

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