Un mathématicien prédit la sixième extinction de masse avant 2100. En cause, les quantités de carbones absorbées par les océans du monde entier.
La quantité de carbone dans les océans de notre planète a lentement varié au cours des âges. Mais à 31 reprises au cours des 542 millions d’années passées, le niveau de carbone a augmenté beaucoup plus que la normale – ou plus rapidement que d’habitude. Les chercheurs ont observé que chacune des cinq grandes extinctions de masse connues à ce jour a succédé à ces pics de carbone. Dans chaque cas, plus de 75 % des espèces d’animaux marins ont disparu. Et aujourd’hui, de récentes estimations suggèrent que notre planète pourrait bientôt connaître un épisode similaire.
Daniel H. Rothman, professeur de géophysique au Massachusetts Institute of Technology (MIT) a travaillé sur l’étude suivante pour mieux illustrer ce phénomène. À titre d’exemple en 1850, les océans contenaient environ 38 000 gigatonnes de carbone, et Rothman suggère que si 310 gigatonnes – ou plus – sont ajoutées à ces chiffres, la quantité de carbone sera à nouveau trop importante. Or il s’avère que depuis 1850, les humains auraient déjà contribué au rajout d’environ 155 gigatonnes, et le monde semble sur la bonne voie pour atteindre les 400 gigatonnes en 2100. Est-ce que cela augmente nos chances de connaître une extinction massive ? « Oui, très clairement », conclut le chercheur.
Le spécialiste s’est ici penché sur les flux de carbone-12 et de carbone-13, deux isotopes de carbone dont l’abondance a considérablement varié au cours de l’histoire de la Terre. Il a établi à partir de ces informations une base de données pour évaluer la quantité de carbone injectée dans les océans du monde à chaque événement historique ayant été reconnu par les géochimistes. Dans la plupart de ces épisodes -31 en tout – le volume de carbone est resté sous le seuil critique. Pour quelques-uns en revanche (y compris quatre des cinq derniers événements d’extinction de masse qui ont exterminé une multitude de formes de vie sur la planète), le seuil a néanmoins été dépassé.
Si pour les cinq premières extinctions, la hausse des émissions de CO2 s’est étalée sur des milliers voire des millions d’années, le seuil critique pourrait en revanche être atteint sur une échelle de temps beaucoup plus courte – à savoir quelques décennies – si les rejets de carbone dans l’atmosphère qui se retrouvent ensuite dans les océans continuent d’augmenter. C’est le cas à notre époque.
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