Des experts s’inquiètent de l’évolution de nos sens dans le monde moderne

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Plusieurs experts de la santé avertissent sur le décalage croissant entre la façon dont nos sens évoluent et le monde moderne qui rend une partie de la population malade. Trois de nos sens semblent particulièrement touchés. 

Au cours de la réunion annuelle de l’Association américaine pour l’avancement des sciences qui s’est tenue à Boston, plusieurs experts dans des domaines divers de la santé ont évoqué leurs préoccupations. Selon eux, le monde moderne est radicalement en désaccord avec la façon dont les sens humains ont évolué et cela a des répercussions sur la vue, l’obésité et la dépression.

Ainsi, trois de nos sens qui ne seraient plus adaptés au monde moderne, à commercer par la vue. Pour la professeure Amanda Melin, de l’Université de Calgary au Canada, le mode de vie intérieur d’une grande partie de la population et l’utilisation massive d’écrans est très néfaste pour nos yeux.

« Nous sommes assis à l’intérieur et dans une lumière artificielle. Nous ne sommes plus aussi souvent dehors que dans le contexte dans lequel notre vision a évolué », a-t-elle notamment déclaré en conférence de presse. « Nous devons passer plus de temps en extérieur pour permettre à nos globes oculaires d’évoluer correctement et pour nous permettre d’avoir les bonnes proportions des choses », a-t-elle ajouté en appelant les responsables politiques à concevoir des mesures qui poussent les enfants et les plus jeunes à sortir davantage.

Autre sens mis en difficulté : le goût. Pour Paul Breslin, professeur en sciences de la nutrition à l’Université Rutgers dans le New Jersey, l’une des raisons de la crise de l’obésité est notre goût pour les aliments sucrés qui découle du « singe qui est en nous ». Selon Breslin, notre amour du sucre est dû au fait qu’il y a des millions d’années, nous avons eu un ancêtre commun avec d’autres singes de la planète. Ils vivaient tous dans les bois et grimpaient aux arbres à la recherche de fruits tant qu’ils étaient disponibles. Quand ce n’était pas le cas, ils se nourrissaient au sol d’insectes et de feuilles qui ne sont pas très sucrés.

Mais dans le monde moderne, les aliments riches en sucre sont disponibles toute l’année. « Nous grimpons dans l’arbre que notre société a créé et on en profite. Mais le fruit de cet arbre-là ne manque jamais, de sorte que nous continuons à nous empiffrer de sucre et devenons de plus en plus gros » , affirme Paul Breslin relayé par The Independant.

Troisième et dernier sens : l’odorat. Pour la professeure Kara Hoover de l’Université de l’Alaska, le nez humain est « dans un état de non-concordance avec le monde moderne ». « Notre sens de l’odorat a évolué dans un paysage très riche en parfums dans lequel nous étions en constante interaction avec notre environnement », déclare Kara Hoover. « Ce n’est plus le cas aujourd’hui et nous sommes en plus confrontés à une forte pollution atmosphérique ».

Cette perturbation de l’odorat a des répercussions très variées. « La pollution a tendance à perturber le sens de l’odorat et vous met à un risque plus élevé pour les troubles de la santé mentale comme la dépression et l’anxiété. Elle vous place également à un grand risque pour des problèmes physiques et sociaux, comme des risques d’obésité et d’une mauvaise interaction avec les autres ». En effet, un odorat défectueux est associé à la suralimentation, car les gens trouvent moins de plaisir dans leur nourriture. Et l’odorat peut également être utilisé pour détecter l’anxiété chez les autres.