Et si les aliments ultra-transformés étaient aussi addictifs que le tabac ?

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Une étude récente menée aux États-Unis est la première à avoir comparé les caractéristiques de la consommation d’aliments ultra-transformés à celles du tabagisme. Le mode opératoire et la conclusion de ces recherches méritent un petit coup de projecteur.

Une étude unique

Très régulièrement, le tabac est pointé du doigt, notamment pour ses propriétés addictives. Toutefois, d’autres produits doivent également figurer sur la liste, comme les aliments ultra-transformés (AUT). Ceux-ci sont aussi néfastes pour la santé et mènent très souvent à une dépendance. Par le passé, plusieurs recherches ont exploré le sujet, mais l’étude parue dans la revue Addiction le 9 novembre 2022 apporte davantage de précisions. Ces travaux de la psychologue Ashley Gearhardt et la neuroscientifique Alexandra DiFeliceantonio sont les premiers à mettre en parallèle la consommation d’aliments ultra-transformés et le tabagisme.

Afin d’arriver à leur conclusion, les chercheuses ont analysé les critères que l’administrateur de la santé publique des États-Unis en 1988 a utilisé afin d’identifier la cigarette comme étant une source de dépendance. Or, les facteurs concernent notamment les sautes d’humeur, la consommation impulsive ainsi qu’une envie incontrôlable.

Les responsables de l’étude indiquent que la plupart des gens continuent à se nourrir d’aliments ultra-transformés bien que ces derniers peuvent générer des problèmes de santé – notamment le diabète. Autrement dit, le besoin de consommer prend le dessus sur toute autre pensée rationnelle, tout comme pour le tabagisme. En ce qui concerne l’humeur, les chercheuses ont exploré des recherches portant sur le sentiment d’euphorie que génère le sucre – réaction à la dopamine – à l’instar de la nicotine pour le tabac.

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Ne plus perdre de temps

Le fait est que parler de dépendance alimentaire dans le cas d’une consommation excessive d’aliments ultra-transformés n’est pas validé par tout le monde. En effet, le sujet fait débat depuis de nombreuses années. Interrogée par Insider, l’assistante sociale clinique Lisa Du Breuil estime que cette façon de décrire les choses peut être perçue comme une forme de grossophobie. Or, l’intéressée pense que stigmatiser les personnes concernées peut pousser ces dernières à surconsommer ce type de produits. L’experte ajoute que la culpabilisation poussant à l’abstinence n’est pas la solution, le mieux étant d’explorer le domaine de l’alimentation intuitive afin d’instaurer une relation saine et équilibrée avec la nourriture.

En continuant le parallèle avec le tabagisme, il est possible de rappeler que les multiples campagnes de prévention ont déjà remporté des victoires. Les étiquettes d’avertissement sur les emballages et autres publicités dissuasives ont contribué à sauver des millions de vies. La psychologue Ashley Gearhardt estime que ses travaux peuvent contribuer à déstigmatiser les personnes démunies face aux aliments ultra-transformés, surtout celles touchées par l’obésité et/ou l’hyperphagie boulimique.

Enfin, les meneuses de l’étude sont formelles : continuer de nier le caractère addictif de ce type d’aliments fera perdre un temps précieux, un temps qui pourrait servir à sauver des vies. Là encore, la comparaison avec le tabagisme fait sens : de nombreuses années se sont écoulées avant l’apparition des premières campagnes de prévention.