En Arctique, les lacs disparaissent par centaines

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Kangerlussuaq, au Groenland. Crédits : Wikipedia

De manière contre-intuitive, de nouvelles recherches suggèrent que des centaines de petits lacs et étangs de la toundra arctique sont en train de disparaître à cause du réchauffement climatique.

Nous savons que l’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde. On associe généralement ce réchauffement rapide à la fonte des glaciers. Nous serions donc tentés de penser que, suite à la fonte du pergélisol, les lacs pourraient donc se multiplier en surface. C’est pourtant bien le contraire qui est observé. Une étude présentée il y a quelques jours lors de la réunion d’automne de l’American Geophysical Union à Washington, suggère que de nombreux points d’eau présents depuis plusieurs dizaines d’années auraient tout bonnement disparu en quelques décennies seulement. Un revers inattendu pour les chercheurs.

Où est passée l’eau ?

Les images satellites sont formelles : plus de 400 étangs près de la ville de Kangerlussuaq, à l’ouest du Groenland, ont disparu depuis 1969. Il y en avait auparavant 2 000. Pour expliquer ce phénomène, les chercheurs avancent deux hypothèses. La première que la hausse des températures enregistrée au cours de ces dernières années a favorisé l’évaporation des différents points d’eau. Deuxième hypothèse : la fonte du pergélisol pourrait également amener les sols à se ramollir. L’eau des lacs pourrait alors se retrouver drainée sous la terre. Un sol ramolli aurait également pour effet de libérer des éléments nutritifs en surface, favorisant la prolifération des plantes.

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Kangerlussuaq, au Groenland. Crédits : Wikipedia

Un danger supplémentaire pour l’écosystème

Ces trois effets – de manière singulière ou combinés – pourraient donc expliquer pourquoi des centaines de points d’eau ont disparu depuis les années 60. On note que le même phénomène a également été observé en Alaska. En 2015, une étude avait en effet révélé que 500 des 2 800 étangs de la péninsule de Barrow avaient également disparu depuis les années 1940. Outre le fait d’être un énième signe prouvant qu’un réchauffement climatique sévère est à l’oeuvre, ce nouveau constat inquiète également pour ses effets sur la faune locale.

Les lacs et les étangs sont en effet habités et fréquentés par de nombreuses espèces, des oiseaux migrateurs aux petits mammifères, en passant par les grands caribous. À l’avenir, le terrain pourrait également devenir plus propice aux incendies, préviennent les chercheurs, ou encore favoriser la libération de méthane et de dioxyde de carbone supplémentaires, jusqu’ici piégés dans les sols.

Une récente étude publiée il y a quelques semaines a en effet révélé que la fonte du pergélisol expose aujourd’hui des roches autrefois recouvertes. Problème : dans l’Ouest canadien, l’eau contient de l’acide sulfurique qui vient ensuite éroder les roches libérées. Le dioxyde de carbone contenu autrefois est alors libéré dans l’atmosphère. En d’autres termes, le réchauffement climatique entraîne encore plus de réchauffement. Un véritable cercle vicieux.

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