Et si les dents pouvaient se régénérer ?

Crédits : Kjerstin_Michaela / Pixabay

Des chercheurs de l’Inserm et de l’université Paris-Descartes ont réussi à comprendre le mécanisme de régénération des dents. Ils sont parvenus à isoler des cellules souches dentaires et à décrire le mécanisme par lequel elles parviennent à réparer des lésions de la dent. De nouveaux traitements dentaires pourraient en découler.

La dent est formée de 3 couches de matériau :

— l’émail, qui recouvre la couronne (la surface visible)

— la dentine, ou ivoire, qui comprend une cavité

— la pulpe dentaire, au centre de la dent, constituée de tissus vivants : nerfs, vaisseaux sanguins et lymphatiques.

Lorsqu’une lésion dentaire apparaît, les cellules souches de la pulpe se réveillent pour tenter de réparer la dent. Mais jusqu’à ce jour, on n’en connaissait pas le processus. Les chercheurs sont récemment parvenus à extraire et isoler des cellules souches de dent de souris qu’ils ont pu analyser.

Ils ont réussi à identifier à la surface de ces cellules 5 récepteurs spécifiques à la dopamine et à la sérotonine, deux neurotransmetteurs essentiels à l’organisme. Ces molécules agissent comme des signaux d’alarme, en déclenchant le processus de réparation. Les chercheurs se sont donc demandé quelle était la source de production de ces neurotransmetteurs.

Il s’est finalement avéré que la production de ces molécules était issue des plaquettes sanguines activées lors de la lésion dentaire. Les neurotransmetteurs ainsi libérés vont activer les cellules souches qui vont réparer la dent.

« Dans la recherche sur les cellules souches, il est rare de pouvoir à la fois isoler des lignées de cellules, d’identifier les marqueurs permettant de les reconnaître – ici les 5 récepteurs —, de découvrir le signal qui les recrute – la sérotonine et la dopamine —, et la source de ce signal – les plaquettes sanguines. Dans ce travail, nous avons pu, de manière inattendue, explorer l’ensemble du mécanisme », explique Odile Kellermann, responsable de l’équipe de l’Inserm et de l’Université Paris Descartes, principale auteure de ces travaux.

Vers de nouvelles stratégies thérapeutiques

« Actuellement, les dentistes utilisent des matériaux de coiffage (hydroxyde de calcium) et des biomatériaux à base de phosphate tricalciques pour réparer la dent et combler les lésions. Nos résultats permettent d’envisager des stratégies thérapeutiques inédites qui viseraient à mobiliser les cellules souches résidentes de la pulpe afin d’amplifier le pouvoir naturel de réparation des dents sans avoir recours à des matériaux de substitution », conclut Odile Kellermann.

Les bases sont posées pour étendre ces recherches obtenues chez le rongeur aux cellules souches de la dent chez l’homme afin d’initier de nouvelles stratégies de réparation des dents.

Sources : Inserm, Futura-sciences