crapaud du désert de Sonora Colorado incilius alvarius
Crédits : BrightThoughts/iStock

Aux États-Unis, il est interdit de lécher ce crapaud du fait de son étonnante particularité

Connaissez-vous l’étonnante particularité du crapaud du désert de Sonora, ce batracien atypique que la loi interdit de lécher aux États-Unis ?

Le crapaud du désert de Sonora, Incilius alvarius* dans le jargon scientifique, a la particularité de sécréter une toxine hallucinogène, entre autres caractéristiques. Retour sur cet amphibien insolite des zones arides du Colorado.

*Parfois surnommé « crapaud Bufo » en raison de son ancien nom taxonomique Bufo alvarius.

Le crapaud du Colorado, un batracien semi-aquatique

Malgré son appellation, le crapaud du désert de Sonora est un amphibien semi-aquatique qui a besoin d’un minimum d’eau pour survivre en milieu aride. Bien qu’il puisse vivre dans le désert, le batracien s’observe majoritairement dans les zones semi-arides, à proximité de ruisseaux, canaux, fossés de drainage et autres sources d’eau.

Pour supporter la chaleur écrasante de son habitat naturel, le crapaud du Colorado s’installe généralement dans des terriers abandonnés, et patiente jusqu’à la tombée du jour pour s’activer, et notamment pour chasser (des insectes, rongeurs et reptiles de petite taille, voire même d’autres espèces de crapauds).

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Crédits : Secundum naturam/Wikimedia Commons

Un amphibien psychotrope menacé par son étonnante spécificité

La peau du crapaud Incilius alvarius sécrète un venin dérivé de la sérotonine, la bufoténine (5-HO-DMT), alcaloïde indolique classé comme psychotrope hallucinogène depuis 1968. Du fait de cette particularité, le batracien exotique était souvent chassé pour sa peau hallucinogène (ensuite fumée ou ingérée), voire même léché.

Aux États-Unis, pays regroupant la plus importante population de crapauds du Colorado, des campagnes ont dû être engagées afin de préserver l’espèce dont la peau se vendait séchée à des fins psychédéliques. Le venin du batracien aurait aussi été utilisé par certaines populations autochtones pratiquant la médecine alternative dans le cadre de rituels traditionnels et de cérémonies chamaniques.

Selon les consommateurs, les effets du venin sur le corps humain pourraient provoquer une euphorie, des hallucinations visuelles et auditives, ainsi qu’une expérience de transcendance associée à une certaine connexion spirituelle. Ces effets psychotropes pourraient durer jusqu’à 30 minutes. Revers de médaille : les cas d’intoxication au venin du batracien sont nombreux, les plus sévères pouvant provoquer la mort.

Statut de protection de l’espèce

Le crapaud du désert de Sonora est protégé par la loi américaine de 1973, l’Endangered Species Act (ESA), où il est inscrit comme espèce menacée, principalement en raison de la perte de son habitat, de la pollution environnementale et autres menaces qui ont conduit à de drastiques réductions au sein de sa population.

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Crédits : Holger Krisp/Wikimedia Commons

Un crapaud au cœur des controverses modernes

L’intérêt croissant pour les substances psychotropes naturelles, notamment dans le cadre de la recherche sur les thérapies alternatives, a récemment placé le crapaud du désert de Sonora au centre de débats éthiques et scientifiques. Des figures publiques et des célébrités ont contribué à sa notoriété en vantant les effets spirituels et thérapeutiques de son venin. Cependant, cette popularité soudaine a entraîné une recrudescence du braconnage et du trafic, menaçant encore davantage cette espèce déjà en déclin. En réponse, certaines organisations de protection de la faune encouragent le développement de alternatives synthétiques à la bufoténine, afin de réduire la pression exercée sur les populations sauvages. L’enjeu est désormais de trouver un équilibre entre les intérêts scientifiques, culturels et environnementaux, tout en garantissant la survie de ce batracien fascinant.

Margaux Blanc, experte environnement

Rédigé par Margaux Blanc, experte environnement

Bretonne de cœur et de sang, je suis particulièrement sensible à l'environnement, sa faune et sa flore. Végétarienne et surfeuse occasionnelle, je partage mon temps entre la montagne et la mer. Des paysages de toute beauté qui forcent au respect. Depuis 2016, j'ai adopté un mode de vie zéro déchet dans l'espoir de minimiser mon impact sur la planète et ses habitants.