Comment certains humains ont-ils fait pour survivre à l’éruption du super volcan Toba il y a 74 000 ans ?

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Selon la théorie, l’éruption du super volcan Toba aurait provoqué il y a 74 000 ans un hiver volcanique d’au moins six ans et un refroidissement du climat mondial durant un millénaire. Cette catastrophe aurait décimé les êtres vivants de l’époque, dont les hommes modernes. Or, des certains auraient survécu et même prospéré pendant l’éruption. Pour quelle raison ?

De nouvelles preuves enfouies sous la terre africaine à près de 9 000 kilomètres de la scène de cette explosion colossale révèlent en effet une histoire différente. Une étude publiée dans Nature suggère en effet que les premiers humains modernes ayant vécu sur la côte de l’Afrique du Sud ont été visiblement épargnés par la catastrophe. Ils auraient même prospéré grâce à cet événement. L’effet de l’éruption de Toba aurait certainement affecté certains écosystèmes plus que d’autres, en créant éventuellement des zones appelées refuges, dans lesquelles certains groupes humains ont mieux survécu que d’autres tout au long de l’événement. Ces abris – suggèrent les chercheurs – étaient visiblement près des côtes. Les ressources côtières comme les coquillages sont très nutritives et moins sensibles à l’éruption que les plantes et les animaux des régions intérieures.

Entré en éruption, ce super volcan n’a pas craché que des cendres volcaniques : il a également projeté des fragments microscopiques de verre qui, pompés dans l’atmosphère, ont dérivé au gré du vent avant de retomber à la surface. Près de 75 000 ans plus tard, l’un de ces fragments a récemment été retrouvé par le géoarchéologue Panagiotis Karkanas, de l’American School of Classical Studies en Grèce, alors qu’il examinait des sédiments prélevés sur un site archéologique appelé Pinnacle Point, situé le long la côte sud de l’Afrique du Sud.

L’analyse subséquente de la signature chimique du fragment – et d’un autre fragment découvert neuf kilomètres plus loin – a confirmé qu’ils dataient tous les deux de la super-éruption. Mais ces fragments n’étaient pas seuls : au fur et à mesure que l’équipe creusait, analysant minutieusement chaque centimètre d’une colonne verticale de 1,5 mètre, elle découvrait également des objets en pierre, des os et d’autres vestiges culturels des anciens habitants du pays. Et étonnamment, les archives archéologiques suggèrent que l’explosion épique de Toba n’a pas perturbé la vie de ces personnes.

« Ces modèles nous en disent beaucoup sur la façon dont les gens vivaient sur le site et comment leurs activités ont changé au fil du temps », explique l’un des chercheurs Erich Fisher, de l’Arizona State University. « Ce que nous avons trouvé, c’est que pendant et après l’éruption de Toba, les gens vivaient sur le site en continu, et il n’y a aucune preuve que cela ait eu un impact sur leur vie quotidienne ».

Dans les années 1990, les scientifiques ont commencé à argumenter que cette éruption du mont Toba, la plus puissante des 2 derniers millions d’années, avait provoqué un hiver volcanique dévastant les écosystèmes du monde et provoquant une quasi-extinction dans notre propre lignée. Comment ces Hommes ont-ils alors prospéré ? Les chercheurs suggèrent que la vie côtière, de par sa proximité avec l’océan et avec la vie marine qu’elle contient, pourrait avoir permis à ces « anciens » humains de traverser les ténèbres d’un hiver volcanique mortel. Ailleurs, séparées de la mer, d’autres communautés – même à 9 000 kilomètres ou plus de Toba – n’ont peut-être pas été aussi chanceuses.

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