Climat : plus d’énergie pour les orages, moins pour les dépressions

énergie orage
Crédits : pixabay.

Depuis 1979, le réservoir énergétique des dépressions tempérées a sensiblement diminué en été dans l’hémisphère nord. À l’inverse, l’énergie disponible pour la convection orageuse a augmenté. C’est ce que révèle une étude du MIT (Massachusetts Institute of Technology) – la première en son genre – parue en février dernier. Ainsi, les situations météorologiques persistantes et les épisodes orageux violents tendraient à devenir plus fréquents.

La dynamique de l’atmosphère dans la zone extra-tropicale nord a subi des évolutions sensibles au cours des dernières décennies. En particulier durant la saison estivale (JJA, 20° N-80° N).

En effet, les mesures indiquent une diminution de l’énergie cinétique impliquée dans la circulation des systèmes dépressionnaires d’échelle synoptique. Autrement dit, en moyenne, le vent est de moins en moins puissant dans ces derniers. Par ailleurs, les précipitations convectives associées – averses, orages – ont révélé une tendance à la hausse, notamment entre Europe et Asie.

Des dépressions moins dynamiques mais une activité orageuse majorée

Dans une étude parue le 19 février dans la revue américaine PNAS, des chercheurs ont analysé ces modulations via une perspective portée sur l’aspect énergétique. Leurs résultats montrent qu’entre 1979 et 2017, la quantité d’énergie disponible pour la circulation de grande échelle – les dépressions synoptiques – a diminué d’environ 6 %. À l’inverse, celle disponible pour les phénomènes orageux associés a augmenté pour près de 13 %.

« Les cyclones extra-tropicaux ventilent l’air et brassent la pollution atmosphérique » rapporte Charles Gertler, auteur principal du papier. « Par conséquent, avec des cyclones extra-tropicaux plus faibles en été, vous envisagez la possibilité d’avoir plus de journées avec une qualité de l’air médiocre dans les zones urbaines ».

tendance énergie dépressions
A. Tendances de l’énergie disponible pour la circulation de grande échelle (bleu) et de l’énergie cinétique des dépressions (rose). B. Tendance de l’énergie disponible pour la convection. Les données concernent l’hémisphère nord en été (JJA) entre 20° N et 80° N. Les valeurs sont calculées comme anomalies par rapport à la moyenne 1979-2017. Crédits : G. Gertler & al. 2019.

Mais ce n’est pas tout. « Au-delà de la qualité de l’air dans les villes, vous pouvez potentiellement créer des orages plus destructeurs, des conditions météorologiques plus persistantes – et peut-être des vagues de chaleur plus longues », poursuit le chercheur.

La faute au réchauffement anthropique ?

La baisse de l’énergie contenue dans les basses pressions s’explique en partie par un relâchement du gradient de température entre le pôle et l’équateur. Quant à son augmentation dans les phénomènes convectifs, elle découle du réchauffement moyen des dernières décennies qui tend à déstabiliser le fluide sur la verticale.

Ce que montrent les observations paraît cohérent avec ce que prévoient les modèles de climat. « Les chercheurs trouvent que ces tendances dans les vents et les précipitations sont probablement liées au changement climatique », affirme Charles Gertler.

Toutefois, d’un point de vue quantitatif, il convient de nuancer. En particulier concernant l’énergie disponible pour les dépressions. Sa diminution est bien supérieure à ce qu’anticipent les simulations numériques. Les valeurs actuelles se situant au niveau de celles attendues à la fin du 21e siècle !

De ce fait, il est probable qu’une partie notoire de cette tendance soit due à la variabilité interne au système climatique. On citera par exemple les effets potentiels de l’oscillation atlantique multi-décennale (AMO). Ainsi, de futurs travaux s’avèrent nécessaires pour séparer les contributions anthropiques et naturelles dans les évolutions constatées. Une tâche qui ne s’annonce pas de tout repos.

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