Suivre un objet pointé du doigt : même les chiots peuvent le faire !

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Crédits : Canine Companions for Independence

Une étude révèle que même les chiots de huit semaines très peu exposés aux humains peuvent comprendre le principe du pointage. Ces travaux soulignent également que la constitution génétique de chaque chiot est un puissant prédicteur de sa capacité à suivre l’objet pointé.

Qu’un chien jette son regard sur l’objet pointé par votre doigt, et non sur votre doigt lui-même, pourrait paraître anodin. En réalité, la capacité de ces animaux à suivre ce geste apparemment simple est extraordinaire, au sens propre du terme. Certaines recherches suggèrent en effet que même les chimpanzés, nos plus proches parents sur le plan de l’évolution, ne comprennent pas le pointage aussi bien que nos amis à quatre pattes.

Pendant des décennies, les chercheurs se sont demandé si cette faculté était acquise, en passant du temps avec les humains ou innée. Une nouvelle étude publiée dans la revue Current Biology nous invite à pencher pour la seconde hypothèse.

Dans le cadre de ces travaux, Emily E. Bray et son équipe, de l’Université d’Arizona ont recruté 375 chiots Labrador et Golden Retriever auprès de la Canine Companions for Independence. Cette organisation élève des chiens d’assistance pour aider les personnes handicapées ou souffrant de stress post-traumatique.

Tous étaient âgés de huit à dix semaines. À ce stade de leur vie, les petits avaient passé la plupart du temps soit avec leur mère et leurs compagnons de portée, mais très peu de temps avec les humains.

Suivre le mouvement du doit

Pour l’étude, les chercheurs ont développé quatre expériences. Les deux premières visaient à évaluer leurs capacités à comprendre les gestes humains.

En coulisses, les chercheurs ont pris deux gobelets et placé une friandise sous l’un des deux. Une fois devant les chiots, l’idée consistait soit à pointer le doigt vers celle qui cachait la nourriture, soit à montrer au chiot un petit cube jaune qui était ensuite placé devant la tasse abritant la récompense.

Les chercheurs se sont naturellement assurés que les chiots ne suivaient pas simplement leur flaire en masquant l’odeur de la friandise avec quelques croquettes.

Lors de ces deux tests, les chiots se sont dirigés vers la bonne tasse dans 67% du temps en moyenne. Chaque petit devait effectuer ces tâches plus d’une douzaine de fois et leur précision est restée assez constante du début à la fin. C’est aussi bien que les chiens adultes. Si ces réactions étaient uniquement dues au hasard, la précision de réussite au test se serait davantage approchée des 50% selon les chercheurs.

Certaines facultés seront acquises

La troisième tâche visait à évaluer la tendance des chiots à prêter attention aux visages humains. Pour ce faire, l’un des expérimentateurs devait réciter un texte pendant trente secondes d’une voix aiguë (semblable à celle d’un bébé) tout en fixant le chien. Il en est ressorti que les chiots ne maintenaient leur attention sur le visage du chercheur que pendant six secondes en moyenne. Les chiens adultes ont quant à eux tendance à maintenir le contact visuel plus longtemps. Pour les auteurs, ces résultats suggèrent que l’attention aux visages humains est une aptitude qui s’apprend et se développe au fil du temps.

Enfin, pour le dernier test, les chercheurs ont présenté aux chiots des friandises de plus en plus difficiles d’accès à l’intérieur d’un récipient en plastique. Au bout du compte, il devenait impossible d’atteindre la récompense. Le but de cette expérience était de voir si à l’instar des chiens adultes, les chiots pouvaient se tourner vers un humain à proximité pour obtenir de l’aide.

Lors de ce test, les chiots ont globalement ignoré la personne située à proximité. Là encore, cela suggère que les chiots ne naissent pas avec l’instinct de demander de l’aide aux humains et que cette faculté s’acquiert en interagissant davantage avec notre espèce.

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Crédits : kim_hester/pixabay

Une base génétique

Les chercheurs ont ensuite combiné ces résultats avec les informations généalogiques détaillées sur chaque animal. Le but était de savoir si la génétique sous-jacente de chaque chien pouvait être liée à ses performances cognitives testées dans le cadre de cette étude. Résultat, le succès dans la tâche de pointage ainsi que la tendance d’un chiot à regarder un visage humain étaient hautement héréditaires. L’étude souligne en effet que plus de 40% de la variation des performances était due à la génétique, ce qui est très élevé. Selon Bridgett vonHoldt, de l’Université de Princeton, chez des animaux bien étudiés comme les porcs, l’héritabilité des comportements se situe généralement dans les 20 à 30%.

« Cet article nous donne des preuves très solides que suivre les indices sociaux humains était probablement un trait clé qui a été sélectionné pendant le processus de domestication canine« , explique Zachary Silver, de l’Université de Yale.

Les chercheurs travaillent maintenant sur une étude génomique de suivi dans le but d’isoler des gènes en corrélation avec les mêmes types de cognition sociale explorés dans cette étude. Le fait d’identifier précisément la base génétique de cet ensemble de compétences sociales chez les chiens pourrait aider à élever des chiens d’assistance encore plus performants.

« Environ la moitié des chiens qui intègrent ces programmes de formation ne les terminent pas« , souligne en effet Evan McLean, coauteur de ces travaux. « Ainsi, le fait de déterminer quels chiens excelleront dans ces rôles pourrait faire économiser des ressources et aider davantage de gens« .