Bon, elle est à qui cette fusée qui va s’écraser sur la Lune ?

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Crédits : Wikimedia Commons/Georges Melies

Le 4 mars prochain, l’étage supérieur d’une fusée percutera la Lune. Nous en sommes certains. Mais à qui cet objet appartient-il ? D’abord considéré comme un fragment de fusée de SpaceX, le débris spatial a ensuite été identifié comme faisant partie d’une fusée chinoise. Pourtant, le pays vient de démentir.

Il y a un mois, Sciencepost rapportait que l’étage supérieur d’une fusée Falcon 9 s’apprêtait à frapper la Lune le 4 mars 2022. Par la suite, de nouvelles données recueillies ont incité le spécialiste des objets géocroiseurs Bill Gray, à l’origine de cette histoire, à approfondir ses recherches pour identifier d’autres candidats potentiels. Il a finalement jeté son dévolu sur l’étage supérieur d’une fusée chinoise Longue Marche 3C. Ce dernier avait été lancé en 2014 dans le cadre de la mission Chang’e 5-T1. Mais est-ce vraiment de l’objet concerné ? En tout cas, la Chine dément.

Selon un communiqué récemment publié, « l’étage supérieur de la fusée de la mission Chang’e-5 aurait en effet complètement brûlé dans l’atmosphère terrestre« , comme prévu. « Les efforts aérospatiaux de la Chine sont toujours conformes au droit international. Nous nous engageons à préserver sérieusement la durabilité à long terme des activités spatiales et sommes prêts à avoir des échanges et une coopération approfondis avec toutes les parties« , a également déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Wang Wenbin.

Encore des incertitudes

En effet, il y a un hic. Vous remarquerez que Wang Wenbin évoque ici la mission Chang’e-5. Il s’agit de celle ayant collecté et rapporté sur Terre les premiers échantillons lunaires depuis l’ère Apollo. L’étage supérieur envoyé dans le cadre de cette mission a effectivement brûlé dans le Pacifique en 2020.

Cependant, il a bien été souligné que l’étage supérieur qui frappera la face cachée de la lune le 4 mars prochain était celui de la mission Chang’e-5 T-1. Or, il s’agit d’une mission différente lancée en 2014 pour tester la technologie alors utilisée dans le cadre de la mission Chang’e-5.

Ce communiqué chinois est donc ambigu. On ignore effectivement si Wang Wenbin, qui n’est pas spécialiste en aérospatial, parle bien de la mission Chang’e-5 ou de la mission Chang’e-5 T-1.

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L’étage supérieur Chang’e-5 T1 se déplaçant dans l’espace. Crédits : Gianluca Masi.

Les débris spatiaux en orbite haute ne sont suivis par aucune agence. C’est la raison pour laquelle il y a tant d’incertitude sur la question. Bien qu’il soit difficile de confirmer qu’il s’agit bien de la fusée chinoise, il existe cependant d’autres preuves, au-delà des calculs orbitaux, suggérant que c’est effectivement le cas.

Des analyses spectrales effectuées par une équipe de l’Université de l’Arizona (qui peuvent révéler la composition matérielle d’un objet) suggèrent en effet qu’il s’agit bien d’une fusée chinoise. « C’est la meilleure correspondance« , assure Vishnu Reddy, du laboratoire Space Domain Awareness. « Nous avons les meilleures preuves possibles à ce stade. »

Quoi qu’il en soit, un étage de fusée touchera bien la Lune le 4 mars prochain à 13h25 heure française de l’autre côté de la Lune, au niveau de l’équateur. L’impact devrait former un nouveau cratère.