Les chimpanzés seraient des cuisiniers en puissance !

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Une nouvelle étude publiée dans la revue Royal Society est venue souligner que les chimpanzés — l’un de nos plus proches cousins — posséderaient certaines des capacités cognitives nécessaires à la pratique de la cuisine. Une découverte qui pourrait laisser penser que l’Homme aurait commencé à cuire ses aliments dès le début de sa maîtrise du feu. Explications.

Si ce n’est certainement pas demain la veille que nous verrons des chimpanzés à la finale de « top chef », une nouvelle étude a néanmoins révélé que ces grands singes posséderaient les ressources cognitives nécessaires pour savoir « cuisiner ». Ces animaux auraient en effet une appétence particulière pour les aliments cuits, seraient doués de patience, de discernement, d’anticipation et seraient même capables, après apprentissage, de conserver ou de transporter des aliments afin de les faire cuire. Des qualités en somme essentielles pour pouvoir mijoter de bons petits plats. Or, si ces traits ont été retrouvés chez nos plus proches cousins qui, rappelons-le, partagent 98,5 % de notre patrimoine génétique, « on peut penser que dès que les premiers hommes ont réussi à domestiquer le feu, ils ont pu commencer à cuisiner », comme l’explique Felix Warneken, du département de psychologie de Harvard University, l’un des auteurs de l’étude.

Si cela s’avérait être le cas, cette découverte pourrait avoir une importance considérable dans notre compréhension de l’histoire de l’évolution humaine. En effet, de nombreux scientifiques estiment que la maîtrise de la cuisson des aliments aurait permis de rendre la nourriture davantage assimilable par notre organisme et qu’elle aurait ainsi joué un rôle fondamental dans le développement de notre cerveau.

Une nette préférence pour les aliments cuits

Pour réaliser leur étude, deux chercheurs de l’université d’Harvard et de Yale se sont rendus en République du Congo afin de mener un certain nombre d’expériences au sanctuaire de chimpanzés de Tchimpoung qui est géré par l’Institut Jane Goodall. Dans un premier temps, les scientifiques ont voulu déterminer si ces grands singes possédaient une préférence pour aliments cuits. Après leur avoir laissé le choix entre une pomme de terre cuite et une pomme de terre crue, il s’est avéré que 88 % des chimpanzés ont finalement préféré l’aliment qui avait été préalablement cuisiné.

Dans un second temps, les chercheurs ont testé la patience des chimpanzés en leur laissant le choix entre dévorer immédiatement trois morceaux de patate crue ou bien attendre une minute pour manger trois morceaux cuits. Cette fois encore, une large majorité de singes a opté pour la seconde option.

Des chimpanzés en mesure de cuisiner?

Pour les expérimentations suivantes, les scientifiques ont présenté aux chimpanzés deux appareils de « cuisson ». Sous le regard attentif des singes, les expérimentateurs ont introduit dans le premier cuiseur une patate crue qui en est ressortie cuite. Ils ont ensuite renouvelé la démonstration sur le deuxième appareil (contrôle) qui ne délivrait quant à lui que des patates crues.

Suite à cette démonstration, chaque chimpanzé s’est vu donner un morceau de patate crue qu’il pouvait, selon son désir, manger immédiatement ou introduire dans l’un des deux appareils. « Nous nous demandions s’ils seraient capables de ne pas le manger et de le placer dans l’appareil de cuisson », explique Alexandra Rosati, seconde auteure de l’étude.

Contre toute attente, la moitié des chimpanzés testés ont décidé d’utiliser l’appareil de cuisson au lieu de manger l’aliment cru ou de le placer dans l’appareil de contrôle. Mais ce n’est pas tout, puisque les singes ont également su renouveler l’expérience avec des carottes crues et se sont abstenus d’utiliser le dispositif de cuisson lorsqu’un morceau de bois leur était fourni. « Ils n’utilisent pas au hasard l’appareil de cuisson », a ainsi souligné Alexandra Rosati.

Par ailleurs, lorsque leur nourriture était déposée à quelques mètres du dispositif de cuisson, un certain nombre de chimpanzés ont également pris l’initiative de la transporter pour la faire cuire. Enfin, sur l’ensemble des animaux testés, 38 % ont su mettre de la nourriture de côté en prévision de la « cuisiner » ultérieurement.

Une motivation supplémentaire pour le genre homo à maîtriser le feu?

Pour les auteurs de l’étude, ces résultats tendent donc à prouver que le dernier ancêtre commun aux Hommes et aux grands singes – environ 13 millions d’années — aurait possédé les compétences cognitives nécessaires pour cuisiner sa nourriture. Ainsi, si les théories actuelles prônent que l’Homme aurait domestiqué le feu exclusivement pour se chauffer et s’éclairer, les chercheurs de l’étude pensent quant à eux qu’il faudrait rajouter la cuisson des aliments à ses motivations premières.

Sources: Royal Society – 20minutes – BFMTV