Des chercheurs remettent en doute l’existence de l’énergie noire

Credit: ESA, NASA and P. Anders

La théorie d’un Univers en expansion « accélérée », d’abord proposée en 1998, vient d’être remise en doute par une équipe de scientifiques du Département de physique de l’Université d’Oxford. Selon eux, l’Univers serait en expansion constante, allant jusqu’à remettre en doute l’existence même de l’énergie noire.

Retour en 1998. Deux équipes de chercheurs annonçaient que l’expansion de l’Univers ne ralentissait pas comme on le pensait jusqu’alors, mais était en fait en pleine accélération. Une constatation qui valut aux trois astronomes le prix Nobel de physique en 2011. Les chercheurs étaient arrivés à cette conclusion de manière indépendante, en s’appuyant sur l’observation de supernovae de type Ia (explosion thermonucléaire des étoiles mourantes) via le télescope spatial Hubble. La découverte mit alors « l’énergie sombre » sous les projecteurs, la prétendue pilote de cette expansion accélérée, capable de surmonter la force gravitationnelle qui lie les différents constituants de l’Univers. Rappelons que cette expansion ne se manifeste qu’à une échelle plus grande que celle des amas de galaxies. Ni le Système solaire, ni la Voie lactée ne sont affectés par l’expansion de l’univers.

Cependant, de nouveaux calculs menés par une équipe de chercheurs d’Oxford, dirigée par le professeur Subir Sarkar, chercheur à l’Institut Bohr Neils, contestent aujourd’hui cette idée. Après voir analysé un catalogue de 740 supernovae de type Ia, dix fois plus fourni que l’échantillon d’origine étudié en 1988, l’équipe a constaté que les preuves de l’expansion accélérée ne répondaient pas aux normes de sécurité requises par les physiciens pour déclarer une découverte fondamentale.

Dans le domaine de la physique, les scientifiques utilisent une échelle de « sigma » pour déterminer la certitude d’une observation. Avant qu’une découverte ne soit déclarée, elle doit atteindre un niveau de « cinq sigma », ce qui représente environ une chance sur 3,5 millions que l’observation soit le résultat d’une fluctuation aléatoire. De récentes découvertes comme celle du boson de Higgs ou la détection des ondes gravitationnelles ont toutes deux atteint un niveau de certitude de « 5 sigma ».

« Les éléments de preuve en faveur d’une expansion accélérée sont, au plus, d’un niveau de « 3 sigma « , rapporte le chercheur. « On est très loin de la norme « 5 sigma » requis pour faire valoir une découverte d’une importance fondamentale ». Bien que cette constatation ne prouve pas nécessairement que l’univers ne soit pas en expansion à un rythme accéléré, elle remet en question des croyances profondément ancrées. Selon les chercheurs, il se pourrait même que l’Univers ne soit pas en expansion accélérée, mais en expansion dite « constante ». Des résultats qui vont donc jusqu’à remettre en doute l’existence même de l’énergie sombre.

D’autres scientifiques devront bien sûr examiner les données et réévaluer la force des théories actuelles sur la nature de l’univers. « Naturellement, beaucoup de travail sera nécessaire pour convaincre la communauté scientifique, mais notre travail sert à démontrer que l’un des piliers du modèle cosmologique standard est plutôt fragile », explique le chercheur.

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