Le booster de la fusée chinoise retombe sur Terre de manière incontrôlée

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Crédits : Hua Jiajun / VCG

Le module central de la Station spatiale chinoise (CSS) a décollé avec succès ce jeudi 29 avril à bord d’une fusée Longue Marche 5 B. Le booster du lanceur est sur le point de faire sa rentrée dans l’atmosphère terrestre, mais on ne sait pas encore exactement où ni quand ces débris toucheront notre planète.

Le premier étage du lanceur chinois Longue Marche 5B retombe « de manière imprévisible » sur Terre après son lancement réussi ce jeudi 29 avril depuis la base de Wenchang, rapporte SpaceNews. Son retour sur Terre pourrait avoir lieu d’un jour à l’autre. Les probabilités laissent à penser que ces débris brûleront dans l’atmosphère et que les « survivants » retomberont dans l’un des océans, qui couvrent un peu plus de 70 % de la planète. Toutefois, il n’est pas exclu que le booster menace une zone habitée.

Une rentrée incontrôlée

La plupart des boosters de fusée n’atteignent pas de vitesse orbitale et rentrent dans l’atmosphère pour finir dans une zone prédéfinie. Certains, plus grands, vont un peu plus haut, mais opèrent des manœuvres de désorbitation de manière à réduire le temps en orbite pour éviter les risques de collision avec d’autres engins spatiaux et rentrer immédiatement dans l’atmosphère.

Concernant le lancement qui nous intéresse, tout laissait à penser que le Longue Marche 5B effectuerait une manœuvre active pour se désorbiter. Visiblement, ça n’a pas été le cas. D’où la retombée incontrôlée.

Il est en effet désormais très difficile, voire impossible, d’anticiper la trajectoire de cet étage de fusée en chute, tant il y a d’incertitudes dans le calcul de l’effet de la traînée atmosphérique sur le module central (l’atmosphère terrestre peut se dilater ou se contracter avec l’activité solaire). La taille et de la densité de l’objet sont également un facteur.

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Un lanceur lourd chinois Longue Marche 5, le 26 juin 2017. Crédits : 篁竹水声/Wikipédia

Le timing est essentiel

D’après les radars au sol utilisés par l’armée américaine, la scène principale du lanceur, d’environ trente mètres de long pour de cinq mètres de large, évolue actuellement à une altitude comprise entre 170 et 372 kilomètres, parcourant l’espace à plus de sept kilomètres par seconde. Compte tenu de sa vitesse, le booster tourne autour de la Terre environ toutes les 90 minutes.

Plus le temps passe et plus l’objet ralentit, avant d’être « happé » par la gravité de notre planète. Son inclinaison orbitale est de 41,5 degrés, ce qui signifie qu’il passe tantôt un peu plus au nord de New York, Madrid et Pékin, tantôt par le sud du Chili ou par Wellington, en Nouvelle-Zélande.

Comme le souligne Spacenews, «le lanceur pourrait donc faire sa rentrée à tout moment dans cette zone». Le timing sera une donnée essentielle. À ces vitesses, un décalage de quelques minutes dans la rentrée atmosphérique peut décaler ce point de rentrée de plusieurs milliers de kilomètres.

L’observateur des vols spatiaux, Jonathan McDowell, a jugé «inacceptable», selon les normes actuelles, de laisser rentrer un objet aussi massif de façon incontrôlée dans l’atmosphère. «Depuis 1990, rien de plus de dix tonnes n’a été délibérément laissé en orbite pour rentrer de manière incontrôlée», explique-t-il. «Or, on pense que l’étage central Longue Marche 5B, sans ses quatre boosters latéraux, a une masse sèche (vide de propulseur) d’environ 21 tonnes de masse».

Pour le spécialiste, il est probable qu’une grande partie de ce booster finisse par brûler dans l’atmosphère quelques minutes après sa rentrée. En revanche, il est possible que les composants en matériaux résistants à la chaleur, tels que les réservoirs et les propulseurs en acier inoxydable ou en titane, puissent atteindre le sol.