Retour sur la Lune : Blue Origin conteste vivement la décision de la NASA

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Illustration d'un vaisseau Starship sur la Lune. Crédits : NASA

Lundi, Blue Origin, la société de fusées fondée par Jeff Bezos, a déposé une protestation auprès du U.S. Government Accountability Office contestant le choix de la NASA de ne sélectionner que SpaceX pour fournir son prochain atterrisseur lunaire.

L’année dernière, la NASA annonçait l’attribution de trois contrats à Blue Origin, Dynetics et SpaceX pour entamer le développement de systèmes d’atterrissage permettant aux prochains humains de se poser sur la Lune dès 2024 dans le cadre du programme Artemis. Il y a quelques jours, l’agence américaine s’est finalement tournée vers SpaceX (et uniquement SpaceX). Et forcément, la décision ne passe pas auprès de la concurrence.

Blue Origin dépose une plainte

Blue Origin a en effet déposé une protestation de cinquante pages auprès du U.S. Government Accountability Office ce lundi. « Le différend souligne que, quelles que soient les ambitions démesurées de M. Musk et de M. Bezos pour l’avenir, la fortune actuelle de leurs sociétés spatiales et la capacité de générer les profits nécessaires pour réaliser leurs rêves grandioses dépendent de préoccupations commerciales comme la joute pour les contrats du gouvernement« , relève le New York Times.

Bob Smith, directeur général de Blue Origin, a déclaré que la décision de la NASA était basée sur des « évaluations erronées » des offres proposées. Selon lui, l’agence américaine aurait « sous-estimé les avantages de la proposition de Blue Origin » et « minimisé les défis techniques liés au projet de SpaceX ».

En outre, le DG de Blue Origin ajoute que dans tous les cas, la NASA aurait dû s’en tenir à son désir exprimé plusieurs fois de sélectionner non pas une, mais deux entreprises. Or, dans les faits, la NASA n’a en réalité rien promis de manière officielle. Finalement, l’agence n’a choisi que SpaceX, et pour plusieurs (bonnes) raisons.

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La maquette d’atterrisseur lunaire de Blue Origin proposée à la NASA. Crédits : Blue Origin

SpaceX, une vision d’avenir moins chère

Tout d’abord, pour l’exercice en cours, le Congrès n’a fourni que 850 millions de dollars à la NASA, soit un quart de ce que l’agence avait demandé pour le développement d’atterrisseurs lunaires. Selon Kathy Lueders, administratrice associée de la NASA, ce budget limité est en partie ce qui a mené l’agence à ne choisir qu’une seule entreprise.

Estimée à six milliards de dollars, l’offre proposée par Blue Origin représentait plus du double du prix de SpaceX. En revanche, selon Bob Smith, la NASA se serait entretenue et entendue avec SpaceX pour négocier son prix à la baisse. Cependant, l’agence n’aurait entamé aucune négociation similaire avec Blue Origin. « Nous n’avons pas eu l’occasion de réviser notre prix, et c’est fondamentalement injuste« , a déclaré M. Smith.

Outre ces budgets limités, SpaceX a également soumis une version de son véhicule Starship qui, à terme, sera capable de transporter beaucoup plus de monde en un seul voyage en plus d’être entièrement réutilisable.

Bien sûr, le Starship est également techniquement le plus exigeant des véhicules proposés. Pour mener à bien ses missions sur la Lune et au-delà, les ingénieurs vont en effet devoir développer la technologie permettant de ravitailler ses vaisseaux en méthane et en oxygène liquide en orbite terrestre basse. Malgré tout, la NASA a bien conscience qu’en misant sur le Starship, elle se donne ainsi les moyens de multiplier les missions à faibles coûts.

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Crédits : SpaceX

Un (gros) train d’avance

La société d’Elon Musk s’est également illustrée au cours de ces dernières années. Sa fusée Falcon 9 rafle désormais la majorité des contrats de lancements de satellites commerciaux, tandis que sa capsule Crew Dragon a déjà transporté trois équipages vers l’ISS.

Blue Origin accuse quant à elle du retard. Testé avec succès, son vaisseau New Shepard n’est toutefois destiné qu’à de courts voyages suborbitaux, tandis que le vol inaugural de sa fusée New Glenn, actuellement en cours de développement, ne sera opéré qu’en 2022 (au moins).

Kathie Lueders a déclaré qu’un concours de suivi pour construire des atterrisseurs ultérieurs serait tout de même ouvert à Blue Origin, Dynetics et d’autres sociétés. Bob Smith avait alors déclaré que Blue Origin soumettrait des offres futures, mais non sans une pointe d’agacement. En attendant, le Government Accountability Office a cent jours pour prendre une décision sur la protestation.