Une femme peut-elle tomber enceinte… alors qu’elle est déjà enceinte ?

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Il y a quelques jours, une séance de questions/réponses orchestrée par le New York Times a pris une tournure inquiétante qui va à l’encontre de tout ce que nous avons appris en cours d’éducation sexuelle en confirmant qu’il est effectivement possible pour une femme de tomber enceinte… alors qu’elle est déjà enceinte !

La superfétation est l’implantation d’une nouvelle grossesse dans un utérus qui contient déjà une grossesse en développement. En d’autres termes, dans des circonstances très exceptionnelles, une femme peut continuer à ovuler pendant la grossesse et concevoir un autre enfant. C’est extrêmement rare chez l’Homme, un cas fut médiatisé en Arkansas en 2009 et un second en Australie en 2015. En 2009, une femme était effectivement tombée enceinte après avoir déjà conçu deux semaines et demie plus tôt. Les deux bébés sont nés par césarienne et en bonne santé le 2 décembre suivant même si le second étant prématuré d’une quinzaine de jours. En 2015, une Australienne donnait également naissance à deux filles, l’une des deux était prématurée d’une dizaine de jours.

Mais alors, comment est-ce possible ? La superfétation est en fait assez fréquente chez les mammifères autres que l’Homme. Elle est notamment observée chez les rongeurs, les lapins, les chevaux, les moutons ou encore chez les marsupiaux comme les kangourous. Parfois, ces animaux ont deux utérus pour faciliter la double grossesse ou parfois leur cycle menstruel continue simplement pendant la grossesse. Mais chez les humains, la superfétation semble être un « accident » très rare — le corps d’une femme enceinte a normalement évolué pour empêcher une seconde grossesse de se produire.

« Normalement, la libération des ovules cesse une fois la femme enceinte », explique C. Clairborne Ray au New York Times, « les changements hormonaux et physiques induits par la grossesse empêchent toute autre conception. Mais pour une raison quelconque, en superfétation, une femme enceinte parvient toujours à ovuler ». Le sperme doit ensuite pouvoir « trouver son chemin » et s’en suit la fécondation qui est un processus extrêmement délicat même dans les grossesses ordinaires. Seulement quand une femme est déjà enceinte, ses hormones devraient normalement faire de l’utérus un environnement défavorable et inhospitalier pour un autre ovule fécondé.

« Pour qu’une superfétation puisse se produire chez les humains, il semblerait que trois choses apparemment impossibles doivent se produire », explique cette fois-ci Khalil A. Cassimally pour Scientific American. « L’ovulation doit avoir lieu au cours d’une grossesse en cours, le sperme doit en quelque sorte “trouver son chemin” à travers le col bloqué à l’oviducte et enfin s’implanter avec succès dans un utérus déjà occupé ».

Étant donné le faible nombre de cas rapportés et vérifiés, on ne sait à ce jour pas encore pourquoi la superfétation se produit parfois et s’il existe des facteurs de risque qui peuvent augmenter les chances du phénomène.

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