La fusée européenne Ariane 5, cheval de bataille européen, sera lancée pour la dernière fois ce mardi 4 juillet 2023 depuis la Guyane française. De quelle mission s’agit-il ? Et quelle sera la suite pour Arianespace ? Nous faisons le point.
Clap de fin pour Ariane 5
Après quasiment trois décennies de service de lancement, Ariane 5, devenue le symbole de l’accès garanti de l’Europe à l’espace, s’apprête à tirer sa révérence. Le dernier lanceur de cette génération décollera en effet ce mardi soir de Kourou, en Guyane française, à 23h30 heure de Paris.
La mission d’aujourd’hui, baptisée VA261, doit livrer une paire de satellites en orbite de transfert géostationnaire, une trajectoire elliptique située à environ 35 700 km au-dessus de la Terre. L’un d’eux, l’Heinrich-Hertz-Satellit, est développé par l’agence spatiale allemande. Son objectif sera de tester de nouvelles technologies de communication. Le second satellite, baptisé Syracuse 4B, « permettra aux Forces armées françaises de rester connectées en permanence lors des déploiements« , écrit Arianespace dans son descriptif. Le satellite sera totalement protégé contre les méthodes de brouillage les plus extrêmes.
Notez que le lancement d’aujourd’hui était initialement prévu pour le 16 juin. Il avait été repoussé après que l’équipe ait repéré des problèmes potentiels sur trois lignes de transmission pyrotechniques associées aux propulseurs à fusée solide d’Ariane 5. Malgré deux premiers vols considérés comme des échecs, Ariane 5 a depuis enchaîné 116 lancements réussis. Véritable bourreau de travail, cette fusée aura permis de livrer des dizaines de satellites commerciaux dans l’espace géostationnaire, ainsi que de nombreuses charges utiles de sécurité nationale pour le compte des membres de l’Union européenne.
La fusée a également soulevé un certain nombre de missions scientifiques spatiales importantes, notamment les engins Rosetta, Herschel, Planck, BepiColombo ou encore JUICE. Rappelons qu’Ariane 5 est également à l’origine du lancement du James Webb Telescope en décembre 2021, dont la précision pourrait permettre de doubler la durée de vie de l’observatoire. Désormais, l’Europe se tourne vers l’avenir. Cependant, l’avenir se fait attendre.

Où en est le projet Ariane 6 ?
Il y a près d’une décennie, les leaders spatiaux européens ont reconnu qu’Ariane 5 n’était plus suffisamment compétitive, en particulier face à l’émergence de SpaceX. Dès lors, il a été décidé de développer un booster de nouvelle génération, nommé Ariane 6. Ce lanceur sera plus modulaire et flexible que son prédécesseur, promettant de placer tout type de charge utile en orbite basse (LEO), géostationnaire (GTO) ou héliosynchrone (SSO). Un cycle de production repensé, combiné à l’apport de nouveaux processus de fabrication fera également d’Ariane 6 un lanceur plus compétitif comparé à Ariane 5.
Notez qu’Ariane 6 aura deux configurations principales : la version 62 (avec deux boosters à poudre) et la version 64 (avec cette fois quatre boosters). La première sera capable de lancer des charges utiles allant jusqu’à cinq tonnes et demie en orbite géostationnaire, tandis que la seconde pourra soulever jusqu’à onze tonnes en orbite géostationnaire.
Côté calendrier, rappelons que le premier lancement d’Ariane 6 était initialement prévu pour 2020. Malheureusement, il a depuis été reporté plusieurs fois pour des raisons techniques et budgétaires. En octobre 2022, le directeur général de l’Agence spatiale européenne avait toutefois confirmé que la fusée pourrait enfin s’envoler cette année. Depuis, de nouveaux retards dans les différentes phases de tests laissent à penser qu’Ariane 6 ne pourra pas décoller avant au moins le deuxième trimestre 2024.
