Le nouveau « plus grand iceberg du monde » s’est détaché de l’Antarctique

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L'énorme morceau de glace vêlé du côté ouest de la plate-forme de glace de Ronne en Antarctique. Crédits : ESA / Observation de la Terre

Un nouvel iceberg géant s’est détaché du côté ouest de la plate-forme de glace de Ronne, en Antarctique, selon l’Agence spatiale européenne. La structure vogue désormais en pleine mer de Weddell.

Un « couple-ongles » naturel

C’est le plus gros glaçon du monde, avant qu’un autre ne vienne le détrôner. L’iceberg, connu sous le nom d’A76 suite à une convention de dénomination établie par le Centre national des glaces, s’est séparé de la plate-forme de glace de Ronne, en Antarctique, la semaine dernière. Il s’agit d’un processus de vêlage naturel qui n’est pas directement lié au changement climatique.

Christopher A. Shuman, de l’Université du Maryland, compare ce phénomène à une manucure : «si c’est la partie blanche de votre ongle qui se coupe, ce n’est pas vraiment un problème».

Le dernier grand vêlage enregistré sur le plateau de Ronne remontait à mai 2000. Notez également que ce nouvel iceberg, qui s’étend sur environ 4320 kilomètres carrés, flottait déjà sur l’eau. Autrement dit, il ne contribuera pas à l’élévation du niveau de la mer en fondant.

«La formation de l’iceberg apporte cependant une attention renouvelée à la question plus large de la perte de glace, à la fois en Antarctique et au Groenland», précise M Jackson, glaciologue et explorateur de la National Geographic Society. «Bien que la mer de Weddell ne se réchauffe pas aussi rapidement que d’autres parties de l’Antarctique, l’impact du changement climatique dans la région ne peut être ignoré».

En étudiant cette nouvelle structure, les chercheurs se donneront les moyens de mieux appréhender l’état général des plates-formes de glace de la région, et notamment des calottes les plus instables. Ce travail est d’importance, dans la mesure où ces structures maintiennent les glaciers en place. Et contrairement aux plates-formes qui flottent déjà sur l’eau, les glaciers derrière elles se trouvent bel et bien sur la terre ferme. Si elle venait à se retrouver en mer, l’eau fondue de ces glaciers augmenterait donc le niveau de la mer.

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L’énorme morceau de glace vêlé du côté ouest de la plate-forme de glace de Ronne en Antarctique. Un dessin de l’île de Majorque est proposé pour mieux se rendre compte de sa taille. Crédits : ESA/Observation de la Terre

Une menace pour la faune ?

Quant au devenir de A76, les chercheurs l’ignorent encore, pour l’heure.

Rappelons qu’il y a quelques mois, un gigantesque iceberg de 6000 kilomètres carrés vêlé à l’est de l’Antarctique, depuis la plate-forme de glace Larsen C, s’était dirigé au gré des courants vers l’île britannique de Géorgie du Sud, menaçant de s’ancrer sur le plateau continental entourant l’île. Si tel avait été le cas, l’iceberg aurait potentiellement coupé les voies maritimes permettant aux animaux de se nourrir. Finalement, l’énorme glaçon s’était brisé en plusieurs morceaux avant de fondre complètement.

Si l’A76 se heurte à des courants similaires, il pourrait lui aussi atteindre la péninsule antarctique en quelques mois et interférer avec les voies de navigation, souligne Christopher Readinger, chef de l’équipe antarctique du Ice Center. C’est pourquoi les climatologues le surveilleront de près.