Que nous dit l’analyse des plus anciens cerveaux de spinosaures ?

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Crédits : Anthony Hutchings

Une équipe de paléontologues a récemment reconstruit numériquement le cerveau et l’oreille interne de deux spinosaures britanniques, aidant à découvrir comment ces grands dinosaures interagissaient avec leur environnement. Les détails de l’étude sont publiés dans le Journal of Anatomy.

Les capacités cognitives et sensorielles des spinosaures

Les Spinosauridae sont un clade de dinosaures théropodes à long museau et à gros corps, avec des taxons représentatifs et des spécimens clés connus à partir des archives fossiles d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud. Ces dinosaures théropodes, qui arboraient une imposante crête dorsale, présentaient plusieurs caractéristiques laissant supposer une évolution en milieu semi-aquatique, telles que des dents coniques semblables à celles des crocodiles, une ouverture du nez positionnée plus en arrière et une queue en forme de pagaie.

Dans le cadre de nouveaux travaux, des chercheurs de l’Université de Southampton ont tenté de mieux comprendre l’évolution du cerveau et des sens de ces dinosaures du Jurassique. Pour ce faire, l’équipe a scanné des fossiles de Baryonyx et de Ceratosuchops. Les fossiles de ces deux espèces, qui évoluaient il y a environ 125 millions d’années, ont été découverts au Royaume-Uni.

Ces restes n’ont pas été choisis au hasard. Il s’agit en effet des plus anciens spinosaures pour lesquels le matériel crânien est connu. La bonne conservation des fossiles a permis aux chercheurs de reconstruire numériquement les anciens tissus mous internes qui n’avaient pas été préservés.

Grâce à ces scans ultra-puissants, « nous sommes maintenant en mesure d’évaluer les capacités cognitives et sensorielles d’animaux disparus et d’explorer comment le cerveau a évolué chez des dinosaures au comportement extrême comme les spinosaures« , explique le paléontologue Lawrence M. Witmer, coauteur de ces travaux.

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Crédits : Durbed/Wikipédia

Un cerveau pas encore spécialisé

Après analyses, les chercheurs ont découvert que les bulbes olfactifs n’étaient pas particulièrement développés. Par ailleurs, l’ouïe de ces dinosaures était probablement adaptée aux sons de basse fréquence. Enfin, les parties du cerveau impliquées dans le maintien de la stabilité de la tête et du regard fixé sur la proie étaient peut-être moins développées qu’elles ne l’étaient chez les spinosaures plus tardifs et plus spécialisés.

« Malgré leur écologie inhabituelle, il semble que le cerveau et les sens de ces premiers spinosaures aient conservé de nombreux aspects communs avec d’autres théropodes de grande taille. En effet, rien ne prouve que leur mode de vie semi-aquatique se reflète dans la façon dont leur cerveau est organisé », résume ainsi Chris Barker, premier auteur de l’étude.

Autrement dit, les ancêtres théropodes des spinosaures possédaient déjà des cerveaux et des adaptations sensorielles adaptées à la capture de poissons à temps partiel. Ces deux spécimens et leurs congénères se sont simplement spécialisés en développant un plus long museau et des dents coniques.