Selon une étude, le réchauffement climatique a été à l’origine d’une sécheresse record dans la forêt amazonienne. Pour les chercheurs, cette situation exceptionnelle n’aurait donc pas pour principal responsable le phénomène météorologique naturel El Niño comme le suggéraient d’autres études.
Une sécheresse trente fois plus probable en 2023
En 2023, une sécheresse agricole historique a impacté des millions de personnes dans l’ensemble du bassin amazonien. Des incendies de forêt imposants se sont déclarés, ont réduit les principaux cours d’eau et généré des dégâts importants chez les humains et la faune locale. Or, une des raisons évoquées par certains chercheurs n’était au début que le désormais célèbre phénomène naturel El Niño. Toutefois, un rapport du World Weather Attribution (WWA) publié le 24 janvier 2024 désigne le principal responsable de cette situation : le changement climatique.
La donnée la plus significative du rapport est que le changement climatique a rendu la sécheresse trente fois plus probable entre les mois de juin et novembre 2023. Les chercheurs ont même évoqué un possible point de bascule climatique à venir, résultat d’une combinaison entre le changement climatique et la déforestation. Les conséquences seraient très lourdes pour la région, à savoir une accélération de la transition de la forêt tropicale vers la savane. En bout de chaîne, on observera alors une réduction de la capacité de l’Amazonie à stocker le carbone.

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Crédits : MarcoRof / iStockUn point de bascule crucial
Pour l’instant, la capacité de stockage de l’Amazonie dans les arbres et les sols est estimée à plus de 100 milliards de tonnes de carbone. Or, elle est deux fois supérieure aux émissions mondiales par an toutes sources confondues. Selon les auteurs de l’étude, le rôle de l’Amazonie est crucial, car elle peut soit construire soit détruire la lutte contre le réchauffement climatique. Rappelons tout de même que cette région représente le plus grand puits de carbone terrestre au monde.
Autrement dit, protéger la forêt amazonienne devrait lui permettre de continuer à agir bénéfiquement pour le climat. En revanche, si les émissions d’origine humaine et la déforestation franchissent un jour le fameux point de bascule, d’importantes quantités de CO2 seront libérées, ce qui ébranlera alors très fortement la lutte contre le réchauffement climatique.
Vers une sécheresse catastrophique tous les treize ans ?
Depuis mai 2023, l’Amazonie est aux prises avec cette sécheresse provoquée par de faibles précipitations et des températures élevées. Or, la région, qui dépend de son grand réseau de voies navigables, a vu réduire le niveau de ses rivières. Se sont alors conjuguées une baisse des récoltes et une atteinte au transport des ressources qui ont généré des pénuries de nourriture et d’eau potable. De plus, la faune n’est pas épargnée, comme en témoigne la mort de 150 dauphins dans un lac au Brésil en raison de températures de l’eau trop élevées.
Selon l’étude du WWA, la température du bassin amazonien a augmenté de 1,2°C depuis l’ère préindustrielle. Après une comparaison des données actuelles avec celles qui précèdent le réchauffement climatique, les auteurs de l’étude ont évoqué des probabilités dix fois plus importantes de faibles précipitations et trente fois plus importantes de sécheresse.
Enfin, il faut savoir que l’Amazonie est à l’origine impactée par un épisode de sécheresse catastrophique une fois par demi-siècle. Néanmoins, dans la perspective d’un réchauffement climatique de 2°C, cette même zone verrait apparaître de telles conditions une fois tous les treize ans.
