Après des mois d’avertissement, les experts viennent de confirmer l’installation d’un nouvel El Niño impliquant un réchauffement des océans. D’après les projections, il se renforcera progressivement au cours de l’hiver et aura probablement un gros impact climatique mondial. À quoi pourrait-on s’attendre en Europe ?
On parle d’un phénomène El Niño lorsque les alizés, qui sont des vents réguliers soufflant d’est en ouest le long de l’équateur, faiblissent ou changent de direction. Ce simple changement a de lourdes conséquences.
Les masses d’eau chaude accumulées dans l’ouest de l’océan Pacifique se déplace en effet vers l’est, en direction de la côte ouest de l’Amérique du Sud, ce qui modifie les schémas atmosphériques. Les régions qui reçoivent normalement des précipitations limitées peuvent par exemple connaître des pluies abondantes, tandis que certaines régions habituellement humides peuvent expérimenter une période de sécheresse. Nous savons que les températures peuvent être plus élevées que la normale dans certaines régions et plus basses que la normale dans d’autres. Rappelons également qu’en plus de perturber le climat à grande échelle, chaque événement de ce type coûte excessivement cher à l’économie mondiale.
En janvier dernier, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) aux États-Unis avait évalué un possible retour de El Niño entre l’automne à venir et l’hiver prochain. Dans un communiqué du 3 mai, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) avait quant à elle évoqué un retour plus précoce, possiblement d’ici la fin juillet. Finalement, il n’aura fallu attendre que début juin. En effet, après des mois d’anticipation, un nouvel El Niño s’est officiellement déclenché dans le Pacifique. La NOAA, qui s’attend à des conditions modérées à fortes, annonce qu’il pourrait durer jusqu’en 2024.
Quelles conséquences pour l’Europe ?
Les conséquences sont évidemment assez difficiles à prédire dans la mesure où elles varient d’un événement à l’autre. Elles dépendent aussi de nombreux facteurs interagissant avec les systèmes climatiques régionaux. Cependant, nous savons que l’Europe connaît généralement des hivers plus doux, des printemps plus frais et des étés plus chauds que la normale. Entre autres conséquences, cela peut avoir des effets dramatiques sur l’agriculture, en limitant la croissance des cultures en hiver, tandis que des périodes de sécheresse peuvent réduire la disponibilité de l’eau pour l’irrigation.
Certaines régions peuvent également recevoir des précipitations supérieures à la normale, entraînant des risques accrus d’inondations, tandis que d’autres régions peuvent connaître des périodes de sécheresse accrue. Les phénomènes El Niño peuvent aussi influencer la trajectoire et l’intensité des systèmes de tempêtes dans l’Atlantique, ce qui peut avoir des répercussions sur les régions côtières de l’Europe. Enfin, les variations des températures de surface de la mer pourraient avoir des répercussions sur les écosystèmes marins de l’Atlantique et de la Méditerranée, affectant la distribution et la migration des espèces marines.