Ce que notre cerveau fait de notre mémoire pendant que nous dormons

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Oublier pour mieux apprendre, telle est la devise de notre cerveau. Une étude récente suggère que la nuit, ce dernier efface une partie de votre mémoire dans le but d’affiner nos souvenirs.

Il est naturel de se poser la question : pourquoi tombons-nous de sommeil 8 h — 10 h — parfois même jusqu’à 16 heures par jour ? Une hypothèse récente suggère que le sommeil nous permet de débusquer des protéines potentiellement toxiques qui s’accumulent dans le cerveau toute la journée. Des études antérieures ont également souligné que le manque de sommeil récurrent augmentait le risque de développer des maladies cardiovasculaires ou du diabète de type 2 (pour ne pas mentionner les maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson). Mais bien dormir présente un autre avantage et non des moindres : celui de « tailler » nos souvenirs et « d’affiner » les leçons apprises tout au long de la journée.

Faire le ménage dans les méninges, est-ce ce pourquoi la nuit porte conseil ? La théorie de l’homéostasie synaptique n’est pas nouvelle et avait déjà été proposée par des chercheurs de l’Université du Wisconsin il y a plus d’une décennie. L’idée générale consiste à « faire le ménage » au niveau des connexions entre les neurones (ou synapses) dans le cerveau dans le but d’affiner les leçons apprises la veille. Pour ajouter du grain à l’hypothèse, les chercheurs de l’université de Wisconsin-Madison ont analysé au cours de ces quatre dernières années de fines coupes de cerveaux de souris. Ils ont ensuite mesuré la taille et la forme de quelque 6 920 synapses et ont constaté que les synapses d’une souris endormie sont 18 % plus petites que celle d’un rongeur éveillé.

Une deuxième équipe de biologistes conduite par Graham H.Diering de l’Université Johns Hopkins s’est attaquée à la question sous un angle différent. Les chercheurs ont déterminé que la protéine Homer1A, dont la production est stimulée par la sensation de fatigue, a un effet déterminant sur l’augmentation ou la diminution de la taille des synapses. Pour cela, ils ont effectué un test de mémoire sur des souris. Placées dans une pièce, celles-ci reçoivent une décharge électrique si elles marchent sur certaines zones. Toutes les souris s’arrêtent de bouger de peur de recevoir un nouveau choc électrique. Les scientifiques ont ensuite injecté à certaines souris un produit afin de bloquer la production de la protéine en question.

Le deuxième jour, elles sont placées dans une autre pièce, non piégée. Les souris privées de la protéine sont incapables de s’adapter. Elles restent immobiles comme si elles ne pouvaient pas faire la différence avec la pièce de la veille contrairement aux autres souris. Sans la réduction nocturne des synapses, la mémoire des souris est devenue floue.

Le sommeil est un comportement incroyablement complexe associé à tout un tas de fonctions biologiques allant de notre immunité à notre digestion. Il est donc difficile de pointer du doigt une « raison » pour laquelle nous dormons. Au vu de ces études, il semblerait néanmoins que l’apprentissage en journée renforce les connexions synaptiques dans le cerveau, ce qui augmente les besoins en énergie et sature le cerveau avec de nouvelles informations. Le sommeil permet ainsi de le « réinitialiser » et de contribuer à l’intégration des connaissances nouvellement apprises avec des souvenirs consolidés de sorte que vous puissiez vous sentir « d’attaque » le lendemain.

Sources : Science ; NYTimes