Vilaine manie : Mais pourquoi se cure-t-on le nez ?

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Il semble qu’un nombre non négligeable de personnes se triturent le nez, mais combien sont-ils ? Y aurait-il un impact sur la santé ? Plusieurs équipes de chercheurs tentent de répondre à ces réponses depuis deux décennies !

Le fait de se curer le nez porte un nom, le saviez-vous ? Il s’agit de la rhinotillexomanie, un nom scientifique pour un geste si simple qui de plus, paraît dégoûtant. Mais pourquoi s’adonne-t-on à cette pratique ? En réalité, il s’agirait à première vue d’une réaction assez naturelle ayant deux motivations différentes. La première est que nous tirons une certaine satisfaction à « nettoyer » notre nez et la seconde est que ce dernier est toujours à notre disposition de même que nos doigts et ceci n’est pas forcément le cas d’un paquet de mouchoirs, sauf pour les plus prévoyants !

Il existe relativement peu d’études ayant tenté de comprendre pourquoi cette pratique existe vraiment, mais celles qui ont été réalisées ont au moins évalué à quel point celle-ci est répandue au sein de la population. La première étude traitant du sujet date de 1995, elle avait été réalisée par deux chercheurs américains ayant mené l’enquête. Pour cela ils avaient envoyé un questionnaire à un millier de résidents de l’état du Wisconsin. Sur les 254 personnes ayant bien voulu répondre à l’enquête, 91 % ont avoué sur curer le nez et le faire au moins une fois par heure.

En l’an 2000, deux chercheurs du National Institute of Mental Health and Neurosciences de Bangalore (Inde) ont tenté d’en savoir plus sur cette pratique chez les enfants et adolescents. 200 jeunes appartenant à quatre établissements scolaires différents et provenant de classes sociales variées ont alors été interrogés. Pratiquement tous les participants ont admis se curer le nez et même 7,6 % d’entre eux ont avoué le faire plus d’une vingtaine de fois par jour ! 20 % de ces « rhinotillexomaniaques intensifs » ont pensé qu’il s’agissait d’un vrai problème chez eux tandis que 12 % ont déclaré le faire pour leur bien être.

Par ailleurs, il semblerait qu’une partie des 200 jeunes interrogés n’utilisaient pas seulement leurs doigts. 13 d’entre eux ont déclaré faire usage d’une pince, tandis que 9 le font avec un crayon et 9 autres mangeraient carrément leurs crottes de nez ! Les chercheurs n’avaient alors pas noté de différences en fonction du milieu social de provenance, mais plutôt entre les sexes : les garçons sont plus nombreux à se curer le nez et c’est également le cas pour ce qui est de se ronger les ongles et s’arracher les poils et les cheveux.

Qu’en est-il de notre santé ? L’étude de 1995 relatait deux cas particuliers, celui de personnes déclarant avoir fait un trou dans leur cloison nasale (entre les narines gauche et droite) à force de se curer le nez. En 2006, des scientifiques néerlandais ont indiqué que le fait d’avoir cette manie pouvait causer des infections nosocomiales à cause de la présence dans le nez de nombreuses bactéries comme le Staphylococcus aureus (doré).

Manger ses crottes de nez, un effet bénéfique ? Selon Pr Scott Napper, chercheur à l’université de Saskatchewan (Canada), l’ingestion de mucus séché (oui oui, c’est le nom scientifique des crottes de nez) pourrait être une protection contre certaines infections en stimulant l’organisme dans le cadre de la production d’anticorps. Cette affirmation ne fait pourtant pas l’unanimité parmi la communauté scientifique.

Sources : BBC – Sciences et Avenir – Allodocteurs