VIDÉOS : une masse d’air polaire exceptionnelle a envahi le nord-est des États-Unis

neige
Capture vidéo : Nicholas Isabella

L’hiver s’amuse à jouer les prolongations en ce début mai. En effet, le nord-est des États-Unis a expérimenté un épisode de froid tardif au cours des derniers jours. Et pour cause, une masse d’air en provenance de l’Arctique s’est frayée un chemin vers des latitudes anormalement basses pour la saison. Recette pour une ambiance polaire assurée !

En cours de nuit et matinée du 9 mai, la neige s’est momentanément invitée sur les côtes, depuis le Maine jusqu’à l’État de New York, affectant des villes phares comme Boston ou Manhattan. Bien qu’aucune couche n’ait été mesurée en plaine, les flocons ont ponctuellement blanchi certaines surfaces. Un événement pour le moins inhabituel.

À Central Park, il s’agit par exemple de la chute de neige la plus tardive jamais observée – à égalité avec celle du 9 mai 1977. Et ce alors même que la saison hivernale a été l’une des moins enneigées depuis le début des observations en 1869 ! Seules trois autres années présentent un cumul moins important que celui relevé au cours de l’hiver 2019-2020.

Nord-est des États-Unis : un paysage blanchi dès les premières hauteurs

A contrario, dès les premiers reliefs, c’est un véritable manteau blanc qui s’est constitué. La neige y est tombée abondamment, parfois jusqu’en soirée. Aussi, de nombreux témoignages photos ou vidéos en provenance de l’État de New York et de la région Nouvelle-Angleterre ont circulé sur les réseaux sociaux. Les images donnant souvent l’impression d’avoir été capturées en saison froide ou en haute montagne. Des épaisseurs dépassant les 20 à 25 centimètres ont été signalées en plusieurs endroits.

Ce fut entre autres le cas à Caribou et Carrabasset Valley (villes du Maine) ou encore à Sugar Hill (municipalité du New Hampshire) avec des cumuls de neige respectifs avoisinant les 35, 23 et 26 centimètres. De manière générale, « nous avons eu plusieurs centimètres de neige dans de nombreuses régions du nord-est états-unien. Il s’agit d’un événement rare de neige en mai » relate John Cannon, prévisionniste au département de météorologie du Maine.

hiver mai États-Unis
Ainsi que de nombreux habitants ont pu le constater, un froid polaire s’est invité en mai. Crédits : Nicholas Isabella / @NycStormChaser.

On soulignera également les températures particulièrement basses qui furent accompagnées d’un vent sensible. Il va sans dire que le ressenti était très loin de ce que les habitants pouvaient espérer à la vue du calendrier. Quelques records mensuels de froid ont été établis comme à Binghamton (New York) avec une minimale de -4,4 °C, battant le précédent record de -3,9 °C daté de 1978, 1966 et 1956. Par ailleurs, le thermomètre n’a pas dépassé les 2 °C à 6 °C dans la journée sur une partie nord-est du pays.

Portes ouvertes aux masses d’air arctiques !

À l’origine de cette météo capricieuse, la circulation très méridionale d’une anomalie dépressionnaire d’altitude issue de la région arctique. En favorisant le creusement d’une dépression de surface le long de la côte est (cyclogenèse), cette anomalie a organisé une bascule brutale et profonde du flux au nord/nord-ouest. De fait, l’air froid a déferlé sur une large partie des États-Unis. Dans la zone d’influence du tourbillon cyclonique et près des Grands Lacs, il s’est accompagné de précipitations neigeuses ponctuellement intenses – de type orages de neige.

météo froid polaire neige États-Unis
Situation météorologique en surface et en altitude (environ 5000 mètres) ce 9 mai 2020. En particulier, notez le système dépressionnaire positionné sur le nord-est américain. Sur son flanc ouest, l’air polaire s’engouffre vers le sud du Canada et une partie des États-Unis. En outre, celui-ci fut accompagné de nombreuses chutes de neige. Crédits : wetter3.de.

Ironie du sort, cet épisode polaire est arrivé alors que certains États comme le Vermont venaient à peine d’annoncer la reprise des activités de plein air. « Je sais que la neige du 9 mai n’est pas la bienvenue pour de nombreux Vermontois, juste au moment où nous permettons prudemment aux loisirs de plein air de reprendre » annonçait à ce titre le gouverneur de l’État. « Mais ce n’est qu’un moment à passer. Tout comme un temps meilleur est à venir, des jours meilleurs viendront également. Nous allons surmonter cela, ensemble ».

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