Un vaccin expérimental contre le VIH échoue en Afrique, mais il y a encore de l’espoir

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Un essai clinique de phase 2 d’un vaccin expérimental contre le VIH mené en Afrique subsaharienne vient d’être interrompu, les données soulignant que les injections n’offraient qu’une protection limitée contre le virus. Ce nouvel échec témoigne une fois de plus de la complexité de cet agent pathogène qui ne cesse de défier la médecine moderne.

Le géant pharmaceutique Johnson & Johnson vient d’indiquer l’arrêt de son essai clinique de phase 2 de son dernier candidat-vaccin contre le virus de l’immunodéficience humaine (VIH),  ce dernier n’offrant pas une protection suffisante contre le sida. Le sérum, dont le développement avait été financé par Johnson & Johnson, la Fondation Bill et Melinda Gates et les National Institutes of Health, reposait sur un adénovirus appelé Ad26.

L’agent pathogène avait été modifié pour transporter des fragments de quatre sous-types de VIH dans le corps dans l’espoir de provoquer une réponse immunitaire contre les infections futures.

Un taux d’efficacité insuffisant contre le VIH

Au cours de cet essai entamé en 2017, baptisé Imbokodo, le vaccin expérimental a été administré à 2 600 jeunes femmes jugées à haut risque d’infection par le VIH dans cinq pays d’Afrique subsaharienne. Cet échantillon représente en effet près des deux tiers des nouvelles infections à VIH dans la région.

Les participantes ont reçu deux injections initiales et deux doses de rappel au cours d’une année. Les chercheurs ont ensuite analysé le nombre de nouvelles infections dans l’échantillon et dans un groupe placebo entre le septième mois (un mois après la troisième dose) et le 24e mois.

Au cours de ce laps de temps, 63 des 1 109 participants qui ont reçu le placebo ont été infectés par le VIH, contre 51 des 1 079 participants ayant bénéficié du vaccin, ce qui donne un taux d’efficacité de 25 %. Pour les auteurs, c’était insuffisant et même potentiellement dangereux. Un vaccin qui n’offre qu’une protection de 25 % risquait en effet de donner aux femmes un « faux sentiment de sécurité« , souligne au Times Glenda Gray, la chercheuse principale de l’essai.

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Une cellule infectée par le VIH / Crédits : NIAID

D’autres batailles à venir

Ce n’est malheureusement pas la dernière bataille perdue contre ce virus qui, encore en 2020, aurait infecté plus de 1,5 million de personnes supplémentaires.

Un autre essai avait également été interrompu l’année dernière en Afrique du Sud par manque d’efficacité. « Je devrais y être habitué maintenant, mais vous n’y êtes jamais habitué, vous y mettez toujours votre cœur et votre âme« , soutient le Dr Gray. La chercheuse, qui est également présidente du South African Medical Research Council, travaille en effet à la mise au point d’un vaccin contre le VIH depuis plus de quinze ans.

En attendant, d’autres batailles se préparent. Selon Johnson & Johnson, un essai parallèle s’appuyant sur une itération différente de ce dernier vaccin se poursuit actuellement. Il est testé sur des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et des personnes transgenres dans huit pays.

La société Moderna, qui s’est illustrée avec son vaccin ARNm contre le coronavirus SARS-CoV-2. vient quant à elle d’annoncer le lancement de tests sur les humains pour un vaccin contre le VIH basé sur la même technologie. Cette première étape se déroulera sur deux ans. Elle impliquera 56 volontaires séronégatifs âgés de 18 à 50 ans.