Un vaste panache de poussières sahariennes s’apprête à déferler sur la France

Crédits : ECMWF / Copernicus.

À partir de ce dimanche et jusqu’à mardi au moins, la majeure partie du pays sera concernée par un imposant panache de sable en provenance du Sahara. Si ce type d’évènement n’est pas atypique en tant que tel, les quantités de poussières qui circuleront en altitude pourraient atteindre des niveaux exceptionnels.

Le 6 février dernier, sous l’impulsion d’un puissant flux de sud, une large partie de la France subissait la remontée de poussières sahariennes. Ces dernières avaient alors habillé le ciel d’une étonnante teinte ocre à orangée, ainsi qu’en témoignent les nombreuses photographies partagées sur les réseaux sociaux.

Les pluies qui circulaient dans cette masse d’air ont souvent laissé des traces de boue typiques sur les carrosseries et les fenêtres. Mais c’est probablement en montagne que les effets ont été les plus exotiques. En effet, le manteau neigeux fut recouvert d’une pellicule de sable amenant un paysage martien pour le moins spectaculaire. C’était tout particulièrement le cas dans les Pyrénées.

Panache de poussières sahariennes : un scénario qui se répète

À peine deux semaines plus tard, les choses semblent vouloir se répéter. Et pour cause, le flux perturbé situé sur le proche atlantique s’est à nouveau déporté très bas en latitude – jusqu’au sud du Maroc. L’important panache de poussière actuellement présent en Afrique de l’ouest va être aspiré à l’avant de la dépression et propulsé jusqu’en Scandinavie par un puissant flux de sud à sud-ouest. Si l’on considère la quantité de sable mobilisée, l’épisode attendu s’avère plus important que celui du début de mois.

poussières sahariennes
Image satellite du 19 février 2021. Notez l’atmosphère riche en poussières sahariennes au-dessus et à l’ouest du Sahara. Crédits : EOSDIS Worldview.

Cependant, le service européen de surveillance de l’atmosphère Copernicus indique qu’il n’est pas possible de dire si le ciel prendra les mêmes teintes. « Nous avons surveillé des événements similaires au cours des dernières semaines, avec des impacts significatifs sur la qualité de l’air dans les régions touchées » précise Mark Parrington, chercheur à Copernicus. « Cela a été confirmé par des mesures de surface recueillies par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) dans différents pays. Nous prévoyons que ce sera également le cas pour l’événement à venir, bien que l’on ne sache pas encore dans quelle mesure le panache sera visible à l’œil nu ».

Pluies de boue et baisse de la qualité de l’air

L’image satellite plus haut permet de repérer le panache de sable situé au large du Sahara. C’est avec ce large réservoir que le flux perturbé s’est connecté lors de sa plongée très méridionale. Par conséquent, les concentrations en poussières devraient atteindre des niveaux particulièrement élevés sur une grande partie du pays de dimanche à mardi. L’animation ci-dessous illustre la remontée du panache saharien entre samedi 4h00 et jeudi 1h00 telle que simulée par le modèle NASA GEOS-5.

Plus les couleurs sont chaudes, plus la quantité de poussière est importante. Crédits : Météociel.fr.

Sur l’ouest et le sud pays, quelques précipitations circuleront en lien avec la proximité de la perturbation atlantique. Aussi, des pluies de boue sont localement attendues sur ces régions. Plus au centre et vers le nord-est, c’est un temps presque estival qui s’imposera. Néanmoins, la présence d’une grande quantité de poussières en altitude devrait rendre le ciel laiteux ou voilé – diminuant parfois sensiblement l’impression de beau temps.

Enfin, insistons sur la qualité de l’air qui sera dégradée lors de cet épisode météorologique. En particulier en montagne, mais toutes les altitudes seront concernées. Les personnes fragiles seront donc particulièrement exposées. « Les concentrations élevées de poussière peuvent avoir des effets sur la santé du système respiratoire de toutes les personnes dans les régions touchées et s’ajoute à la pollution atmosphérique par les particules provenant de sources locales » note Mark Parrington.

La persistance de conditions anticycloniques sur la majeure partie de l’Europe ne permettra pas une évacuation rapide des poussières. Il faudra de toute évidence attendre le week-end prochain pour retrouver des niveaux analogues à ceux présents avant l’arrivée du panache. Pour finir sur une note plus légère, s’il n’est jamais deux sans trois comme le dit l’adage, il se pourrait que cet épisode ne soit pas le dernier de la saison !