cratère feu méthane
Crédits : Tormod Sandtorv / Wikipedia

Turkmenistan : doit-on enfin éteindre la Porte de l’Enfer ?

Il y a plus d’une cinquantaine d’années, des pétrochimistes soviétiques mettaient le feu à un foyer de gaz naturel au Turkménistan. Or, les flammes émanant du cratère ne se sont jamais éteintes depuis. Néanmoins, la contribution au réchauffement climatique du site, désormais surnommé la Porte de l’Enfer, interroge.

La Porte de l’Enfer est en feu depuis plus d’un demi-siècle

Le cratère de Darvaza (Turkménistan) surnommé « Porte de l’Enfer » est un champ de gaz naturel en feu depuis 1971. Il s’agit de l’une des plus grandes réserves de gaz du monde et son cratère mesure pas moins de 70 m de large. Les habitants locaux ont longtemps vécu avec une forte odeur âcre, en raison de la combustion du soufre. Néanmoins depuis les années 2000, la zone a été complètement désertée.

À l’origine, les scientifiques soviétiques avaient installé une plateforme de forage, mais une catastrophe s’est produite. En effet, le sol s’est dérobé, engloutissant la plateforme et le camp des chercheurs et libérant au passage de grandes quantités de méthane. Après une évaluation du danger, à la fois pour l’environnement et les populations à proximité et pour éviter une nouvelle libération de gaz toxiques, les chercheurs ont finalement enflammé le cratère. Tout le monde s’attendait en effet à ce que la totalité du gaz soit brûlée en quelques semaines seulement. Depuis, le site ne cesse de brûler.

Dans un article publié le 17 novembre 2023, le magazine National Geographic posait la question suivante : doit-on éteindre cette « Porte de l’Enfer » ? Or, si la réponse à cette question semble assez évidente, elle ne l’est pas vraiment en réalité.

cratère feu méthane
Source: DR
Crédits : Kalpak Travel / Flickr

Une attraction touristique bientôt fermée ?

En 2013, l’explorateur George Kourounis a été le premier humain à pénétrer à l’intérieur du cratère afin d’effectuer des mesures. Néanmoins, l’homme avait seulement dix-sept minutes pour s’exécuter en raison des conditions difficiles du site. Aujourd’hui, après la diffusion d’un reportage à l’époque signé par National Geographic, le cratère de Darvaza est devenu un genre d’attraction touristique. En revanche, malgré cet afflux, le gouvernement du Turkménistan affirme régulièrement vouloir mettre fin à ce phénomène.

Le site préoccupe en effet en raison des imposants rejets de méthane provenant du cratère. Récemment, le Turkménistan a même discuté avec les États-Unis pour fermer le fameux site, ainsi que d’autres visiblement tout aussi généreux en émissions de méthane. Cependant, l’opération imaginée n’a rien d’une partie de plaisir. En effet, elle implique à la fois d’éteindre le feu tout en stoppant les fortes émissions de méthane qui devraient se produire juste après l’intervention. Or, la seconde étape pourrait engendrer de fortes explosions, et donc occasionner une situation pire que celle actuellement vécue.

Certains estiment par ailleurs que la Porte de l’Enfer ne devrait pas être fermée. Ils estiment en effet que les émissions du site sont moindres face à celles d’autres sites situés également au Turkménistan. Toutefois, le gouvernement local semble déterminé, visiblement en raison de la portée symbolique du cratère. En effet, il symbolise depuis de nombreuses années la quantité trop importante d’émissions de GES dans le pays.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.