Temple maya au sud du Mexique
Crédits : INAH

Un temple Maya dédié au Dieu de la Mort flatulent découvert au Mexique

Ah Puch est le dieu de la mort et des tremblements ainsi que l’une des figures de la mort les plus importantes dans la religion maya. Toutefois, la mythologie de cette civilisation a prêté de nombreux autres noms à ce seigneur de Xibalba (l’équivalent effrayant et en neuf niveaux de l’enfer grec), incluant notamment Yum Civil (soit seigneur de la mort), Hun Ahau (seul chef) ou encore Cizin, un dérivé de « ciz » qui signifie… « flatulences » et permet donc de traduire son nom par « le flatulent », « le puant » ou « celui qui sent mauvais ». Si présenté ainsi, ce personnage peut prêter à sourire, il inspirait en réalité tant de crainte aux populations que les Mayas ont érigé un temple en son terrifiant honneur.

Cet ancien complexe palatial, découvert récemment au sud du Mexique, affichait des dimensions impressionnantes et pourrait pousser les historiens à réviser leur copie concernant les connaissances actuelles sur la vie après la mort dans cette culture ancienne aussi fascinante que mystérieuse.

Un temple maya nouvellement découvert

Lors de la construction d’une gare et d’une ligne ferroviaire près du célèbre site maya de Calakmul, un complexe palatial et un temple ont été mis au jour à 3,5 kilomètres de là. On estime que le complexe date de la période Classique Ancienne qui s’étend entre environ 250 et 600 apr. J.-C. Il est situé près du site archéologique de Balamkú, fortement influencé par la puissante cité-État précolombienne de Calakmul.

Selon l’archéologue Juan Jesús Guadalupe García Ramírez de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire du Mexique (INAH) : « la plateforme d’origine, sur laquelle les bâtiments ont été construits, était rectangulaire et avait des coins arrondis. Elle mesurait 58 mètres dans la direction nord-sud, 50 mètres sur l’axe est-ouest et 2 mètres de hauteur. [Le complexe] aurait comporté un agencement de cour sur sa artie supérieure formé d’une esplanade stuquée et de cinq structures à l’intérieur faites de moellons de calcaire travaillés. Tous avaient des sols en stuc et possédaient probablement des plafonds voûtés. »

Une équipe de spécialistes s’attelle à présent à la tâche ardue de restaurer les quatre monuments principaux qui composaient le complexe pierre par pierre. Leur objectif à terme serait de transformer cet espace en un musée interactif où cette découverte sera mise en contexte et les artefacts associés mieux approfondis pour le public.

Temple maya au sud du Mexique
Source: DR
Crédits : INAH

Des artefacts en lien étroit avec Ah Puch, une déité monstrueuse

Sur le site, l’une des structures les plus remarquables était le petit temple de vingt mètres de long sur dix mètres de large et deux mètres de hauteur vraisemblablement construit en l’honneur d’Ah Puch, dit le Vieux Puant. À l’intérieur du temple, les archéologues ont découvert une structure circulaire contenant des restes humains, notamment des fragments de dents et de crânes.

En plus de ces restes, les archéologues ont également découvert une statue en calcaire de 25 centimètres de haut qui représente justement ce dieu de la mort avec des caractéristiques distinctes : un grand phallus et un crâne déformé. La statue porte également un crâne en guise de masque, un ornement nasal et une cuirasse, des attributs dans les représentations traditionnelles de cette figure qui servaient à souligner son lien avec la mort, la décomposition et Xibalbá, son royaume souterrain redoutable dans l’au-delà maya.

Ce royaume était en effet associé à l’obscurité, à la souffrance et aux âmes des défunts. On disait qu’Ah Puch était celui qui brûlait les âmes des morts, en commençant par leur bouche et leur anus. Cette pratique reflète ainsi la croyance maya en la transformation physique et spirituelle des défunts après la mort.

Les pratiques rituelles dans la culture maya

La statue, toujours recouverte d’un pigment rouge, comme les restes humains retrouvés sur place semblent indiquer avec un fort degré de certitude que le temple servait de lieu de vénération rituelle pour cette divinité. Les rituels qui y étaient pratiqués impliquaient probablement des offrandes, des prières et peut-être même des sacrifices humains. Étant donné l’association d’Ah Puch avec la puanteur et les flatulences, l’atmosphère du temple lors des rituels devait selon les historiens être assez désagréable à cause de la combinaison d’encens et de brûlures d’offrandes ainsi que de la présence de restes en décomposition.

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Source: DR
Une autre statue représentant Ah Puch, le dieu de la mort. Crédits : Wikimédia

Cette découverte remarquable offre en tout cas des aperçus inestimables des pratiques religieuses et des croyances des anciens Mayas. Elle met en lumière la nature complexe et souvent redoutable de leur panthéon et le rôle central que jouaient la mort et l’au-delà dans leur vision du monde. Toutefois, les recherches et analyses du complexe et de ses artefacts se poursuivent, ce qui pourrait permettre d’en apprendre encore plus sur la relation des Mayas avec leurs dieux et plus globalement sur leur compréhension de l’Univers.

Julie Durand

Rédigé par Julie Durand

Autrefois enseignante, j'aime toujours autant partager mes connaissances et mes passions avec les autres. Je suis notamment passionnée par la nature et les technologies, mais aussi intriguée par les mystères nichés dans notre Univers. Ce sont donc des thèmes que j'ai plaisir à explorer sur Sciencepost à travers les articles que je rédige, mais aussi ceux que je corrige.