Le rythme du réchauffement, un facteur clé dans la survenue d’épisodes de chaleur extrême

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Crédits : earth.nullschool.net.

À mesure que la planète se réchauffe, les évènements de chaleur record gagnent nécessairement en fréquence et en intensité. Toutefois, outre la quantité totale de réchauffement, le rythme de ce dernier a également une influence forte sur le comportement des extrêmes chauds. C’est en tout cas ce que montre une nouvelle étude parue dans la revue Nature climate change ce 26 juillet.

Plus précisément, pour une augmentation donnée de la température globale, les vagues de chaleur terrestres battent les records avec plus de marge si cette augmentation survient rapidement. Ce phénomène est lié à un chauffage différentiel temporairement plus important entre les continents et les océans.

Des records de chaleur pulvérisés

Dans ce contexte, les scientifiques ont montré que le nombre d’épisodes de chaleur intense avec des records battus de 5 °C serait deux à sept fois plus fréquents au cours des trente prochaines années. Si rien n’est fait pour contenir la hausse des températures, de tels épisodes deviendraient jusqu’à 21 fois plus fréquents en seconde partie de siècle.

Ces résultats ont de fortes implications, car les plans d’adaptation partent actuellement du principe que les records de chaleur seront rehaussés avec une certaine gradualité. Or, les travaux les plus récents indiquent au contraire que nous risquons de voir des sauts climatologiques nous amenant brutalement en territoire inconnu. « Bien que cela puisse ne pas nous sembler rapide, la Terre se réchauffe à un rythme sans précédent dans l’histoire de la civilisation humaine », souligne Rowan Sutton, un chercheur n’ayant pas participé à l’étude.

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Probabilité de battre au moins une fois un record d’au moins quelques degrés sur la période 2051-2080. On remarque que les régions les plus à risque se situent dans les moyennes latitudes de l’hémisphère nord. Crédits : E. M. Fischer & coll. 2021.

De plus, les auteurs notent que les régions les plus exposées comprennent l’Amérique du Nord, l’Europe et la Chine. « Ici, nous voyons les plus grands sauts dans les évènements records. C’est vraiment très inquiétant », indique Erich M. Fischer, auteur principal du papier. Dans cette optique, la canicule historique qui a récemment touché le nord-ouest des États-Unis et l’ouest du Canada apparaît comme un avertissement parmi d’autres.

Le rythme du réchauffement : un possible levier d’action

Cependant, en mettant en avant le taux de réchauffement plutôt que sa quantité totale, l’étude montre qu’il est toujours possible d’agir de façon efficace en diminuant nos émissions de gaz à effet de serre. En effet, même si les 2 °C étaient dépassés, tout ralentissement de l’élévation de température permettrait de diminuer fortement la probabilité d’occurrence des évènements de chaleur les plus extrêmes.

Cet effet bénéfique s’articulerait essentiellement en seconde partie de siècle, car les dix à vingt prochaines années sont à peu près écrites par les émissions qui ont déjà eu lieu. « Si les émissions commencent à baisser immédiatement et rapidement, le risque de records extrêmes est réduit d’environ 80 % » note Vikki Thompson, coauteure du papier. « Avec la COP 26 qui se profile, nous devons espérer que les décideurs utilisent des preuves comme celle-ci pour montrer la nécessité de réduire les émissions mondiales ».