Les ruches sur les toits des villes se sont multipliées ces dernières années, dans une volonté de lutter contre la disparition massive des insectes pollinisateurs. Aujourd’hui, les abeilles, à la fois urbaines et sauvages, sembleraient être en danger…
Dix ans en arrière, l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) lance son programme Abeille, sentinelle de l’environnement® dans le but de sensibiliser et d’éduquer les citoyens à la sauvegarde de l’abeille et des pollinisateurs sauvages. C’est par ce biais que des ruches essaiment sur les toits des plus grandes villes, Nantes arrivant comme pionnière de l’apiculture urbaine, suivie de près par Paris, Bordeaux, Toulouse ou encore Strasbourg. Mais aujourd’hui, cette volonté de protéger les pollinisateurs et la biodiversité semble être remise en cause…
Les ruches urbaines, un mouvement en faveur de la lutte contre la disparition des pollinisateurs
Selon Henri Clément, porte-parole de l’UNAF, l’installation de ruches d’apiculteur sur les toits des villes a pris de plus en plus d’ampleur au fil des années, permettant aussi de constater que le taux de mortalité des abeilles était très inférieur en ville, campagnes anti-pesticides obligent.
De Nantes à Lille, de Lyon à Montréal, la démarche est internationale. On retrouve ainsi des ruches urbaines sur les toits des bâtiments, des monuments nationaux ou encore des entreprises. L’objectif de cette installation massive partait d’une bonne intention : sensibiliser la population à la disparition des insectes pollinisateurs, à cause notamment des pesticides et de la monoculture. Aujourd’hui, le vent semble avoir tourné…

Les abeilles domestiques, un danger pour les abeilles sauvages ?
Selon certains chercheurs en écologie, les ruches urbaines pourraient menacer les abeilles sauvages, les pollinisatrices citadines consommant soi-disant une trop grande quantité des ressources florales disponibles.
Isabelle Dajoz, scientifique à l’université Diderot, attire l’attention sur l’impact du grand nombre de ruches citadines sur la biodiversité. Il est vrai que les abeilles domestiques se multiplient à vitesse grand V dans les métropoles françaises : rien qu’à Paris, on recenserait plus de 1000 ruches sur les toits, soit 10 ruches au kilomètre carré.
Face à ce constat remettant en cause le programme de sauvegarde de l’abeille en milieu urbain, les apiculteurs restent dubitatifs. D’autant plus face à l’arrivée du frelon asiatique…
Les ruches urbaines menacées par le frelon asiatique
Depuis l’apparition accidentelle du frelon asiatique (vespa velutina) dans nos contrées en 2004, les ruches citadines en ont pris un sérieux coup. Cette variété de frelon considérée comme espèce invasive représente en effet une réelle menace pour les populations d’abeilles et autres insectes pollinisateurs.
Le développement fulgurant du frelon asiatique sur l’ensemble du territoire français pourrait ainsi provoquer d’immenses dégâts sur les ruches urbaines, les abeilles installées sur les toits des villes s’avérant bien plus vulnérables que les abeilles sauvages qui peuvent prétendre à mieux se défendre. Face aux ravages du frelon, les apiculteurs urbains préfèrent alors enlever leurs ruches plutôt que les laisser à la merci de ces redoutables nuisibles.
À titre d’exemple, à Nantes, toutes les ruches auraient été retirées des toits de la ville, soit près de 50 ruches en deux ans, selon le coprésident de l’Union des Apiculteurs de Loire-Atlantique. Les essaims auraient été replacés en milieu rural, faute de système de piégeage du frelon asiatique.

