Retour sur la Lune en 2024 : la NASA peut-elle vraiment le faire ?

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Crédits : NASA

La NASA ambitionne d’envoyer la première femme et le prochain homme sur la Lune dès 2024 dans le cadre de son programme Artemis. Mais l’agence américaine peut-elle vraiment tenir ses engagements avec un calendrier aussi serré ? 

En décembre 2017, le président américain Donald Trump signait une directive visant à donner la priorité aux efforts de l’administration pour faire progresser l’exploration spatiale, principalement en renvoyant des astronautes américains sur la Lune. De cet élan est né le programme Artemis, dont le principal objectif est d’envoyer des astronautes américains sur le sol lunaire dès 2024.

Si, depuis, d’importants progrès ont été réalisés pour servir cet objectif, celui-ci n’en reste pas moins très ambitieux, avec notamment un calendrier très serré. Au point que certains spécialistes doutent clairement de la capacité de l’agence américaine à tenir ses engagements.

Les conseillers de la NASA sceptiques

Au cours d’une série de réunions tenues les 13 et 14 mai derniers, plusieurs membres d’un comité consultatif ont en effet déclaré qu’ils ne pensaient pas que la NASA puisse être en mesure d’atteindre l’objectif d’un atterrissage lunaire en 2024, rapporte SpaceNews.

Tommy Holloway, ancien directeur de programme de la navette spatiale et de la Station spatiale internationale (ISS), a notamment exprimé ses inquiétudes concernant le programme Human Landing System (HLS).

Pour rappel, la NASA a récemment attribué trois contrats pour entamer le développement de systèmes d’atterrissage lunaire. Les entreprises sélectionnées – Blue Origin, Dynetics et SpaceX – devront concevoir et développer des prototypes qui seront ensuite présentés aux responsables de l’agence américaine en 2021.

Mais selon Holloway, et malgré le fait que ces trois entreprises disposent d’ingénieurs très compétents, aucun des atterrisseurs proposés ne pourra être prêt à temps.

Un avis partagé par Pat Condon, consultant en aérospatial. « Il est difficile d’annoncer que nous ne pourrons pas le faire simplement en raison de la direction qui a été donnée, mais je pense qu’il y a un assez bon consensus parmi les membres du comité sur le fait que l’atterrissage lunaire d’humains en 2024 soit un objectif trop ambitieux », a-t-il déclaré. « Cela a été une sorte d’éléphant dans la pièce (secret de polichinelle) pendant les deux ou trois dernières réunions ».

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Image conceptuelle d’un astronaute Artemis marchant sur la surface lunaire. Crédits : NASA

« Je pense qu’ils n’ont pas la moindre chance de le faire en 2024 »

Outre le calendrier compressé, certains membres du comité s’inquiètent également du fait que des études soient toujours en cours dans le but d’explorer différentes architectures de mission, telles que des orbites alternatives autour de la Lune. « Ils continuent de répéter et de répéter les choses, au lieu de se fixer et d’avancer », déplore notamment Jim Voss, ancien astronaute de la NASA. « Je pense qu’ils n’ont pas la moindre chance de le faire en 2024. Et ils ne le feront pas non plus en 2028 s’ils continuent à tout réétudier systématiquement ».

D’autres responsables sont de leur côté plus optimistes quant aux perspectives d’un atterrissage humain en 2024, à l’instar de Lisa Watson-Morgan, responsable du programme HLS de la NASA, qui a tenu à souligné que les trois sociétés en lice – Blue Origin, Dynetics et SpaceX – avaient toutes continué à travailler sur leurs concepts après avoir soumis leurs propositions l’automne dernier. « Personne n’est resté immobile à ne rien faire pendant que nous évaluions les propositions », a-t-elle déclaré. « Tout le monde a poursuivi son travail ».

Rappelons que la NASA prévoit un vol non habité autour de la Lune dès cette année (Artemis I). Viendront ensuite les missions Artemis 2, une mission habitée en orbite autour de la Lune (probablement en 2022), puis Artemis 3, qui mènera normalement les astronautes à se poser sur le sol lunaire en 2024.