Réchauffement climatique : les espèces marines fuient vers les pôles

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Une étude portant sur la migration des espèces animales et végétales vers les pôles, due au réchauffement climatique, suggère que ces déplacements sont plus rapides en mer que sur terre.

Il est admis que le réchauffement climatique implique une redistribution des espèces à travers la planète. Malgré tout, notre connaissance sur ces changements reste encore limitée. Pour tenter de mieux appréhender ces phénomènes, des chercheurs français ont développé une base de données recensant l’ensemble des déplacements de plus de 12 000 espèces animales et végétales.

Leurs travaux, publiés dans la revue Nature Ecology & Evolution, montrent que les espèces marines ont tendance à se déplacer de 6 kilomètres par an vers les pôles, tandis que les animaux et plantes terrestres n’avancent que d’1,1 kilomètre en moyenne. Autrement dit, on se déplace en mer environ six fois plus rapidement en réponse au réchauffement climatique que sur terre.

En analysant ces données, les chercheurs ont observé que tous ces organismes se déplacent le long des isothermes, des lignes fictives où la température reste constante. Toutefois, en raison de l’augmentation des températures enregistrées en mer comme sur terre, ces isothermes ont tendance à se déplacer vers les pôles, emportant avec eux les animaux et les végétaux.

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Une tortue caouanne. Crédits : tpsdave/Pixabay

Les espèces terrestres plus aptes à s’adapter

Pour les chercheurs, deux points sont à souligner. Le premier est lié à l’interaction entre la marge de sécurité thermique plus large des espèces terrestres par rapport aux espèces marines.

« Certaines espèces ont une niche climatique assez large. C’est-à-dire qu’elles peuvent facilement s’adapter à des variations de températures. C’est le cas de l’homme et de la plupart des mammifères. On les appelle les endothermes », explique à Franceinfo Jonathan Lenoir, de l’Université Jules Verne Picardie à Amiens. « D’autres espèces, en revanche, sont plus dépendantes de la température extérieure. Elles ont des niches climatiques étroites. Si la température change trop, elles seront obligées de se déplacer. On les appelle les ectothermes ».

Partant du principe qu’une grande partie des organismes marins sont des ectothermes, il apparaît donc normal que ces espèces aient davantage besoin de se déplacer pour survivre. « De leur côté, les espèces terrestres vont plutôt utiliser la stratégie de l’adaptation », poursuit le chercheur.

L’ingérence humaine

Le second point est lié à l’environnement physique plus restreint qui tapisse les habitats terrestres par rapport aux habitats marins, ralentissant finalement le déplacement des espèces terrestres dans leur quête de conditions climatiques favorables. Citons principalement l’agriculture et l’urbanisme.

Pour Jonathan Lenoir, ces déplacements rapides opérés en mer impliqueront forcément un changement des ressources. « Tous ces gens qui travaillent dans la pêche vont devoir s’adapter et pêcher d’autres poissons », conclut-il. À terme, l’abondance de la plupart des espèces marines tendra également à diminuer au niveau de l’équateur, où les températures deviendront finalement trop chaudes pour survivre.

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