En Suisse, des chercheurs stockent plus d’un millier d’échantillons d’excréments humains, dans un local où la température est de -80°C. Cette curieuse initiative s’inspire de la célèbre réserve mondiale de semences du Svalbard, en Norvège. Les scientifiques espèrent protéger la biodiversité microbienne pour les générations futures et ce, en cas de catastrophe écologique de grande ampleur.
Un total de 10 000 échantillons en 2029
Plus d’une vingtaine de biochimistes, microbiologistes, médecins et agronomes internationaux ont tiré la sonnette d’alarme via une publication dans la revue Nature Communications le 27 juin 2025. Selon ce groupe d’experts, les écosystèmes microbiens sont à la base de la vie sur Terre mais sont de plus en plus menacés par les activités humaines, principalement les pratiques agricoles non durables et la surconsommation d’antibiotiques. Il est ici question de perturbations des réseaux microbiens essentiels à la stabilité de l’environnement, à la biodiversité mais également, à la santé des humains et des animaux.
Les chercheurs ont présenté leur initiative : la Microbiota Vault Initiative (MVI), une organisation non gouvernementale à but non lucratif. Concrètement, il s’agit de protéger la biodiversité microbienne en collectant et en stockant des échantillons de matières fécales humaines. Pour l’instant, environ 1 400 échantillons se trouvent dans un local de l’Université de Zurich (Suisse) et ce, à une température de -80°C. D’ici 2029, les chercheurs espèrent atteindre un total avoisinant les 10 000.

Crédits : Dominguez-Bello et al., Nature Communications., 2025
Pour les générations futures
Les responsables du projet ne s’intéressent pas à la variété des excréments humains. En réalité, il est bel et bien question de sauvegarder les milliards de microbes que ces échantillons contiennent. Pour les chercheurs, les générations futures pourraient trouver une utilité à cette réserve, dans le cas ou se produirait une catastrophe écologique de grande ampleur. Celles-ci pourraient découvrir dans ces microbes des moyens d’élaborer des remèdes à de futures maladies ou de résoudre différentes crises de nature biologique. Sur le long terme, les scientifiques devraient également intégrer à leur réserve des échantillons de microbes vivant dans les animaux, les plantes et dans l’environnement en général.
« La perte microbienne est associée à une augmentation alarmante des maladies chroniques, telles que les maladies allergiques, auto-immunes et métaboliques. La perte de diversité microbienne s’étend aux écosystèmes environnementaux, mettant en péril les systèmes agricoles et la résilience environnementale. « , peut-on lire dans la publication.
Enfin, cette initiative s’inspire de la réserve mondiale de semences du Svalbard (Norvège), où l’on trouve pas moins de 1,3 million d’échantillons représentant 6 297 espèces de plantes cultivées. En 2024, cette structure avait reçu 64 331 nouveaux échantillons de semences, un nombre jamais égalé depuis la création du site en 2008.
