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Les antibiotiques ont sauvé des centaines de millions de vies. Voici comment ils fonctionnent

antibiotiques
Crédits : Richard Villalonundefined undefined/istock

Il est difficile d’estimer prĂ©cisĂ©ment le nombre de vies sauvĂ©es depuis l’introduction des antibiotiques. Toutefois, il est raisonnable de penser que ces mĂ©dicaments, utilisĂ©s pour traiter une large gamme d’infections bactĂ©riennes, ont sauvĂ© des centaines de millions de vies. Des infections telles que la pneumonie, la tuberculose, la septicĂ©mie et bien d’autres sont en effet aujourd’hui traitables grâce Ă  ces mĂ©dicaments. Les antibiotiques ont Ă©galement Ă©tĂ© essentiels dans le traitement de nombreuses infections post-opĂ©ratoires. Comment fonctionnent-ils ?

Un essor pendant la guerre

Le tout premier antibiotique, la pĂ©nicilline, fut dĂ©couvert accidentellement par le chercheur Ă©cossais Alexander Fleming en 1928. Il observa qu’un type de champignon du genre Penicillium inhibait la croissance de certaines bactĂ©ries dans une de ses cultures de laboratoire. Cependant, Ă  l’Ă©poque, la pĂ©nicilline n’Ă©tait pas encore largement utilisĂ©e pour traiter les infections chez l’Homme, principalement en raison de problèmes de production et de stabilitĂ©. Pour que cela change, il aura fallu attendre les annĂ©es 1940.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la production de pĂ©nicilline s’est en effet intensifiĂ©e pour traiter les patients civils et militaires. Le dĂ©veloppement de nouveaux antibiotiques s’est ensuite accĂ©lĂ©rĂ© dans les annĂ©es qui ont suivi, permettant ainsi le traitement d’un large Ă©ventail de maladies.

Deux types de bactéries

Vous l’avez compris, les antibiotiques agissent contre les infections bactĂ©riennes. En revanche, ils n’ont aucune utilitĂ© contre les virus. Ces derniers sont en effet des pathogènes complètement diffĂ©rents, tant sur le plan structurel que dans leur dĂ©veloppement. Notez Ă©galement que tous les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les mĂŞmes bactĂ©ries.

Le type d’antibiotique prescrit dĂ©pend donc du type de bactĂ©rie Ă  l’origine de l’infection. La plupart appartiennent Ă  deux types : Gram-positives et Gram-nĂ©gatives. Les premières se caractĂ©risent par une fine paroi cellulaire, tandis que les secondes ont des parois cellulaires Ă  deux couches plus Ă©paisses. Elles sont par consĂ©quent moins pĂ©nĂ©trables.

Pour ĂŞtre efficace, un antibiotique doit ainsi ĂŞtre capable de pĂ©nĂ©trer avec succès dans l’un ou les deux types de parois cellulaires bactĂ©riennes. La plupart des antibiotiques sur le marchĂ© sont considĂ©rĂ©s comme Ă  large spectre, ce qui signifie qu’ils sont efficaces contre des bactĂ©ries Ă  la fois Gram-positives et Gram-nĂ©gatives. Ă€ l’inverse, on distingue les antibiotiques Ă  spectre Ă©troit qui ne sont efficaces que contre des groupes de bactĂ©ries spĂ©cifiques et ciblĂ©s.

Comment agissent les antibiotiques ?

Les antibiotiques peuvent agir de différentes manières contre les bactéries en ciblant spécifiquement leurs structures et leurs fonctions essentielles.

Certains agissent en inhibant la synthèse des parois cellulaires. De ce fait, les antibiotiques provoquent l’Ă©clatement et la destruction des bactĂ©ries, les rendant vulnĂ©rables aux attaques du système immunitaire.

D’autres agissent en interfĂ©rant avec la synthèse des protĂ©ines bactĂ©riennes, qui sont essentielles Ă  leur fonctionnement et Ă  leur survie. En inhibant leur synthèse, les antibiotiques perturbent donc les processus vitaux des bactĂ©ries et entraĂ®nent leur mort.

Certains antibiotiques agissent de leur cĂ´tĂ© en interfĂ©rant avec la synthèse de l’ADN ou de l’ARN dans les cellules bactĂ©riennes, qui sont indispensables pour la rĂ©plication et la transmission de l’information gĂ©nĂ©tique. De ce fait, les antibiotiques empĂŞchent leur multiplication.

Enfin, certains agissent en inhibant spécifiquement des enzymes impliquées dans des processus métaboliques vitaux pour les bactéries.

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Illustration de la destruction d’une bactĂ©rie. CrĂ©dits : Dr_Microbe/istock

Le problème de la résistance

Les antibiotiques auparavant efficaces pour traiter certaines infections peuvent devenir moins ou totalement inefficaces. Cela se produit Ă  cause de l’utilisation excessive et inappropriĂ©e de ces mĂ©dicaments. Avec le temps, et Ă  force d’ĂŞtre exposĂ©es, les bactĂ©ries dĂ©veloppent en effet des mutations gĂ©nĂ©tiques favorisant le dĂ©veloppement de souches rĂ©sistantes. Ce phĂ©nomène entraĂ®ne alors des infections plus sĂ©vères.

Notez Ă©galement que la rĂ©sistance aux antibiotiques peut se propager entre diffĂ©rentes bactĂ©ries, y compris entre espèces diffĂ©rentes. Cela se fait par le biais de plasmides. Ils s’agit de petites molĂ©cules d’ADN autonomes prĂ©sentes dans certaines bactĂ©ries. Ces plasmides ne sont pas essentiels Ă  la survie de la cellule. En revanche, ils peuvent contenir des gènes supplĂ©mentaires qui confèrent des avantages sĂ©lectifs. Et certains de ces gènes portĂ©s par les plasmides codent pour des mĂ©canismes de rĂ©sistance aux antibiotiques.

Une bactĂ©rie peut alors transfĂ©rer ces plasmides Ă  d’autres bactĂ©ries directement par contact physique. Une bactĂ©rie peut Ă©galement capter des fragments d’ADN provenant directement de son environnement. Concrètement, si une bactĂ©rie libère des fragments d’ADN portant des gènes de rĂ©sistance, une autre peut alors les capturer et les intĂ©grer Ă  son propre gĂ©nome.

La situation est telle que, selon l’OMS, les bactĂ©ries rĂ©sistantes pourraient tuer jusqu’à dix millions de personnes d’ici 2050 si rien n’est mis en place pour endiguer le problème. Pour faire face, il est donc important de promouvoir une utilisation responsable de ces mĂ©dicaments et de dĂ©velopper de nouvelles stratĂ©gies de traitement.