Actuellement aux Etats-Unis, plusieurs centaines de projets de loi s’attaquent à des éléments de longue date de la santé publique, notamment les vaccins et la pasteurisation du lait. Si une partie de ces projets ne devraient pas aboutir, certains sont déjà actés. Ceci interroge évidement à propos de l’administration Trump, celle-ci s’inspirant visiblement des théories du complot pour élaborer de nouvelles lois.
Des projets de loi antiscientifiques
Déjà omniprésentes sur les réseaux sociaux, les théories du complot semblent avoir infiltré certaines organisations étatiques. Selon une vaste enquête de l’Associated Press (AP) relayée par le réseau télévisuel PBS le 21 octobre 2025, les Etats-Unis se distinguent aujourd’hui de la sorte, un phénomène sans grande surprise motivé par l’administration Trump. Dans les faits, il est question de plus de 420 projets de loi s’attaquant à des éléments importants de la santé publique. L’Associated Press a passé en revue environ un millier de projets de loi déposés dans les cinquante états étasuniens depuis le début de l’année 2025. Or, pas moins de 350 de ces projets peuvent être qualifiés d’anti-vaccins et 70 autres concernent soit la vente de lait cru, soit la fluoration de l’eau.
Ces dernières années, principalement lors du premier mandat présidentiel de Donald Trump, d’autres « compilations » de projets de loi avaient permis de cerner les activités de plusieurs groupes militants nationaux. Or, ces groupes étaient souvent à l’origine d’une première rédaction de ces lois, avant révision. Certains législateurs ont parfois suivi ces « modèles », notamment au Minnesota où deux lois différentes sont passées, désignant les vaccins ARN comme étant des « armes de destruction massive ». Evidemment, la pandémie de Covid-19 a représenté une opportunité pour de nombreux groupes de renforcer leur position et trouver de nouveaux adeptes.
Aujourd’hui avec le second mandat de Donald Trump, le phénomène est de nouveau très visible. En aout 2025 par exemple, le ministère de la Santé en Floride a découvert 21 personnes malades (dont 6 enfants) suite à une consommation de lait cru contaminé. Malgré cela, le directeur local de la santé publique Joseph Ladapo – proche du président – n’a pas hésité à soutenir les personnes faisant le choix de consommer du lait cru, certainement en guise de protestation contre le lait pasteurisé. L’intéressé a également annoncé au mois de septembre que plus aucun vaccin ne serait obligatoire en Floride.

Des conséquences déjà visibles
L’actuel premier ministre Robert F. Kennedy Jr. est clairement un moteur indéfectible de ce phénomène. Militant antivaccination assumé, l’homme politique applique son programme « Make America Healthy Again » avec la plus grande détermination. Cependant, ce même programme cache de nombreuses idées antiscientifiques tout en promouvant certaines idées comme la « naturalisation » des aliments ou encore, la réduction des produits chimiques. Le premier ministre tente de repenser en profondeur les politiques fédérales en matière de santé publique et évidemment, encourage les militants à promouvoir des lois antiscientifiques dans les différents États, dans le but de faire évoluer les lois et les mentalités.
Pour l’heure, environ une trentaine de projets de loi ont déjà été promulgués ou adoptés dans une douzaine d’États et d’autres pourraient suivre. Certains effets de ces mesures sont d’ailleurs déjà visibles, par exemple le retour de maladies infectieuses comme la rougeole et la coqueluche, qu’il est possible de corréler aux baisses des taux de vaccination. Devin Burghart, directeur de l’Institut de recherche et d’éducation sur les droits de l’homme (IREHR) a réagi à la situation. L’intéressé a notamment affirmé que les citoyens devraient s’alarmer face à la progression des théories complotistes qui désormais, guident les politiques publiques.
