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Quand l’Anthropocène a-t-elle débuté ? Des chercheurs proposent une nouvelle date

Les essais d’armes nucléaires dans les années 1950 et au début des années 1960 ont laissé les premières traces indélébiles d’une activité humaine « écrasante » sur l’ensemble de la planète. Selon des géologues, ces événements pourraient signaler le début d’une nouvelle époque géologique connue sous le nom d’Anthropocène. Les détails de ces travaux sont publiés dans The Anthropocene Review.

Qu’est-ce que l’Anthropocène ?

L’Anthropocène est un terme utilisé pour décrire une nouvelle époque géologique caractérisée par l’impact significatif des activités humaines sur les systèmes terrestres. Le terme dérive des mots grecs « anthropos » qui signifie « humain » et « kainos » qui signifie « nouveau » ou « récent ». Désormais, les humains ne sont plus considérés comme de simples acteurs biologiques ou culturels : ils sont la force dominante et influencent la trajectoire future de la Terre.

Nous devons ce terme « Anthropocène » au météorologue néerlandais Paul Crutzen qui reçut le prix Nobel de chimie en 1995. À l’époque, le chercheur avait déterminé que la conception de la machine à vapeur par James Watt en 1784 pendant la révolution industrielle avait marqué un tournant majeur. D’autres ont soutenu cette même idée, arguant que cette période entraîna également une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, une perte de biodiversité, de plus en plus de pollution de l’air et de l’eau, une dégradation des sols et une production massive de déchets.

Cependant, en dehors de l’Europe, qui était le centre de l’industrialisation au 18e siècle, les sédiments ne montrent pas vraiment de traces significatives de cette période clé pour l’histoire humaine.

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Crédits : MGSmith/istock

Une nouvelle date proposée

En revanche, les essais d’armes nucléaires dans les années 1950 et au début des années 1960 ont laissé des marques évidentes sur l’ensemble de la planète. Les retombées de ces tests se sont en effet retrouvées piégées sous forme de couches de sédiments riches en une forme radioactive de plutonium appelée plutonium-239. Des géologues de l’Anthropocene Working Group proposent ainsi de marquer le début de l’Anthropocène, et donc la fin de l’Holocène, à cette époque. Mais quand précisément ?

Dans le cadre de cette étude, l’équipe a jeté son dévolu sur le lac Crawford, en Ontario (Canada), pour mener ses recherches. Ce petit lac s’est formé il y a environ 10 000 ans lorsqu’une grotte de calcaire s’est effondrée dans des cours d’eau souterrains, formant un gouffre profond. Cette forme empêche l’eau de surface de se mélanger aux couches inférieures, ce qui signifie que le lac agit comme un entonnoir pour les particules qui pleuvent à travers la colonne d’eau. Pendant les chauds mois d’été, les particules de calcite des roches calcaires se cristallisent alors et tombent dans le lit du lac où elles forment un revêtement blanc qui contient des informations sur les conditions atmosphériques et hydrosphériques de chaque année.

Les scientifiques affirment que des couvertures de sédiments riches en plutonium-239 déposées au fond de ce petit lac en 1950 présentent le premier enregistrement tangible d’activités humaines modifiant l’équilibre des systèmes naturels.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.