Quand ils se battent la poitrine, les gorilles ne bluffent pas

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Crédits : radiowood/Flickr

Une étude menée au Rwanda suggère que l’intensité des battements de poitrine des gorilles mâles indique de manière fiable la taille de leur corps. Cette information sera ensuite jaugée par les rivaux qui, munis de cette information, choisiront de répondre ou non.

Les battements de poitrine des gorilles font partie des sons les plus emblématiques du règne animal. Cette forme de communication gestuelle – qui peut être entendue à plus d’un kilomètre de distance – peut avoir plusieurs fonctions, comme celle d’attirer les femelles ou d’intimider les mâles rivaux. Cependant, jusqu’à récemment, on ne savait pas précisément quelles informations étaient transmises lors de ces courtes (mais très impressionnantes) séances de tambours.

Une démonstration honnête

Pour tenter de le comprendre, une équipe dirigée par Edward Wright, de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive à Leipzig, Allemagne, s’est concentrée sur plusieurs mâles évoluant dans le parc national des volcans, au Rwanda. Sur plusieurs semaines, les chercheurs ont enregistré des dizaines de battements de poitrine et utilisé une technique de photogrammétrie pour mesurer de manière non invasive la taille corporelle de ces gorilles de montagne sauvages.

«La réalisation de cette étude était difficile car les battements de poitrine sont de durée relativement courte et nous devions être au bon endroit au bon moment pour obtenir les enregistrements sonores, tout en veillant à rester à l’écart de ces animaux puissants», souligne Éric Ndayishimiye, assistant de recherche au Dian Fossey Gorilla Fund.

Au terme de ces travaux, les chercheurs ont constaté que plus les mâles étaient grands, plus ils émettaient des battements de poitrine avec des fréquences de crête plus basses, et inversement. Les battements de poitrine semblaient donc informer sur la taille des sujets concernés. Et de manière systématique. Autrement dit, les gorilles ne bluffent pas, contrairement aux petits chiens, qui n’hésitent pas à mentir sur leur taille.

«Il est formidable que nous ayons pu montrer que la taille du corps est encodée dans ces démonstrations de force spectaculaires», souligne Edward Wright.

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Un dos argenté se tape la poitrine. Crédits : Dian Fossey Gorilla Funds

Tu suis ou tu passes

La taille corporelle est un attribut clé chez de nombreuses espèces, car elle reflète souvent la capacité de combat. Des recherches antérieures de cette équipe ont montré que les mâles plus gros étaient plus socialement dominants et plus performants en termes de reproduction que les mâles plus petits.

Ce que nous apprend cette étude, c’est que les mâles rivaux sont également susceptibles de prendre en compte les informations de taille corporelle transmises par celui qui se bat la poitrine pour évaluer son potentiel. En fonction des sons transmis par ces battements, le rival décidera d’engager un combat, ou au contraire de battre en retraite.

Fait intéressant, les chercheurs ont également souligné quelques variations chez plusieurs sujets, non pas dans l’intensité, mais dans le nombre de battements, et dans la durée de la démonstration. D’après les auteurs, il est donc possible que ces battements de poitrine puissent avoir des signatures individuelles. Toutefois, une étude plus approfondie sera nécessaire pour tester cette hypothèse.