Un chercheur québécois a mené des travaux dont l’objectif était de comparer la résistance à la sécheresse des érables présents dans la ville de Montréal. Or, ces recherches ont permis de démontrer que les arbres se situant dans les rues de la ville sont plus résistants aux épisodes de sécheresse que ceux vivant dans les espaces verts. Comment ceci est-il possible ?
Certains arbres mieux lotis face à la sécheresse
La présence des arbres en ville est très importante. En effet, les zones urbaines voient leur climat fortement influencé par l’omniprésence de béton et d’asphalte, dans la mesure où ces matériaux sont capables de piéger la chaleur. En 2021, une étude démontrait que la plantation d’arbres permettait d’atténuer les fortes températures que l’on peut parfois rencontrer au sein des ilots de chaleur urbains (ICU). En 2018, une infographie complète listait les nombreux avantages de la présence de végétation en ville.
Toutefois, il est important de rappeler que les arbres restent très sensibles aux épisodes de sécheresse. Néanmoins, ces derniers ne seraient pas sur un pied d’égalité face à ce phénomène et ce, en fonction de leur position dans la ville. Cette conclusion est celle d’André Poirier, du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) interrogé par le New Scientist le 11 juillet 2025.
Selon André Poirier, les arbres se trouvant dans les rues de la ville sont plus résistants aux périodes de sécheresse que ceux vivant dans des espaces verts tels que les parcs. Or, ces arbres évoluant dans le béton survivent mieux et ce, grâce à une technique assez surprenante.

Comment les arbres des rues deviennent-ils plus résistants ?
Dans un premier temps, les chercheurs ont prélevé des échantillons d’érable plane (Acer platanoide) et d’érable argenté (Acer saccharinum) dans les rues et les parcs. Ensuite, ils ont analysé les isotopes (atomes de métal) et évalué l’âge des arbres, grâce aux anneaux se trouvant au sein de leur tronc. Ceci a permis de découvrir une différence en ce qui concerne leur approvisionnement en eau. Les arbres vivant dans les parcs contenaient des traces de métaux que l’on associe à la pollution atmosphérique. Ceci signifie que ces mêmes arbres consomment principalement de l’eau de pluie. Dans le cas des arbres se trouvant dans les rues, les particules découvertes sont celles que l’on retrouve généralement dans les tuyaux de canalisation.
D’une manière générale, les érables ont besoin d’environ cinquante litres d’eau par jour pour se maintenir en bonne santé. Lorsqu’un épisode de sécheresse s’installe, l’absence de précipitations affaibli assez fortement les arbres se situant dans les parcs. Néanmoins, ceux vivant dans les rues parviennent à compenser ce manque en récupérant l’eau en provenance des canalisations de la ville. Or, ces mêmes canalisations sont concernées par des fuites pouvant atteindre environ 500 millions de litres par jour.
Pour les chercheurs, ceci n’est pas forcement une mauvaise nouvelle. En effet, les politiques visant à implanter de la végétation en ville pourraient prendre en compte cette découverte insolite. Dans la mesure où les arbres se trouvant dans les rues survivent mieux à la sécheresse, il serait intéressant de ne plus hésiter à en planter davantage. De plus, végétaliser les rues est une source de bien-être pour la population. En revanche, il est évident que ce phénomène ne résout pas les problèmes rencontrées par les arbres au sein des parcs, ni celui des fuites d’eau dans les canalisations de Montréal.
