Pour changer le regard sur le harcèlement, ce dispositif vous met dans la peau d’une victime

Crédits : Université de Hambourg

Tout le monde n’est pas enclin à comprendre les autres, à avoir de l’empathie. Dans le cas du harcèlement, il est souvent compliqué de se mettre à la place d’autrui sans l’avoir soi-même vécu. Un dispositif de réalité virtuelle a justement pour objectif de permettre de changer le regard sur le harcèlement.

La VR pour susciter l’empathie

La réalité virtuelle (VR) pour faire changer le regard sur le harcèlement, telle est l’idée de chercheurs de l’Université de Hambourg (Allemagne). La neuroscientifique Aline de Borst, interrogée par Inverse, est la principale meneuse de l’étude publiée dans la revue eNeuro le 20 avril 2020. L’intéressée a expliqué que l’objectif était, à terme, de réhabiliter les personnes incarcérées pour des actes de violence. En effet, ces personnes sont particulièrement sujettes à un manque d’empathie envers leurs victimes.

Pour les chercheurs, s’immerger directement dans un environnement virtuel serait davantage bénéfique que le visionnage de simples images statiques. Ainsi, l’utilisateur bénéficierait d’un sentiment de présence plus fort et pourrait voir son regard sur le harcèlement changer plus facilement. Il s’agit là d’une simple simulation, mais l’utilisateur peut avoir l’impression d’être réellement harcelé.

experience VR harcelement
Crédits : Université de Hambourg

S’approprier le corps de la victime

L’expérience menée par les chercheurs concernait 20 personnes séparées en deux groupes, à savoir 10 hommes et 10 femmes. Chacun des volontaires a été plongé dans une simulation de violence conjugale. Avant cela, une préparation leur a permis d’incarner une femme à la première personne, voyant son reflet dans un miroir. Toutefois, certains participants observaient la victime de loin, c’est-à-dire à la troisième personne.

Ensuite, tous ont visionné un contenu VR dans lequel la femme était victime de harcèlement. Selon les chercheurs, les volontaires ayant vécu l’expérience à la première personne se sont sentis davantage concernés que les autres. En effet, leur empathie était plus grande. Mieux encore, les meneurs de l’étude ont même décelé des signes d’activité cérébrale similaires à ceux des personnes victimes d’abus.

Cependant, les scientifiques ont tout de même relativisé leur méthode. Selon eux, celle-ci s’est principalement concentrée sur le fait de s’approprier le corps de la victime afin de susciter l’empathie. Or, il existerait d’autres moyens d’y parvenir. De plus, l’étude ne propose pas de méthode psychothérapeutique réellement destinée à traiter le manque d’empathie. Néanmoins, il s’agit là d’une première piste qui pourrait être davantage explorée et conduire à l’élaboration d’un vrai traitement.

En 2018 nous évoquions une expérience de réalité virtuelle baptisée La Traque. Il s’agissait d’une production française ayant pour but de mieux comprendre le harcèlement sexuel. Son apparition faisait suite aux événements ayant découlé du scandale lié à l’affaire Harvey Weinstein.